Technique du prélèvement veineux (intraveineux)

Par Philippe Reinert Pédiatre, Hôpital Intercommunal, Créteil, France.

Publié le

La ponction veineuse permettant un prélèvement de sang est un acte quotidien indispensable pour rechercher une anomalie sanguine ; c'est aussi le premier temps du traitement d'urgence qu'est l'administration intra-veineuse d'un médi­cament. Ce geste ne souffre pas la médiocrité.

I. Matériel

Il nécessite :

  • Un garrot propre.
  • Une aiguille fine à biseau court, stérile et à usage unique, et un dispositif de prélèvement veineux stérile et à usage unique.
  • Ou mieux : un système de prélèvement sous vide avec tube sous vide,aiguille adaptée à biseau court et corps de pompe appelé aussi tulipe. Ce corps de pompe peut être réutilisé après nettoyage à l'eau et au savon.

Le prélèvement à la seringue doit être prohibé

  • Des compresses.
  • Les tubes spécifiques destinés à tel ou tel type d'examen (NFS, sérologie, coagulation etc.).
  • Un portoir ou équivalent pour poser les tubes.
  • Du sparadrap ou pansement.
  • Un essuie-main pour mettre sous le bras du patient.
  • Une chaise et une table ou un fauteuil de prélèvement pour le patient ainsi qu'un autre siège pour le soignant.
  • Un nettoyant de surface (s'assurer de la décontamination des surfaces de travail).

II. Technique de ponction

  • Installer le patient en décubitus dorsal, ou assis le bras reposant sur une surface dure jamais debout (car risque de malaise).
  • Se laver les mains soigneusement et mettre des gants si possible.
  • Rassurer le malade, et lui expliquer la raison de ce prélèvement++
  • Choisir une veine de gros calibre afin de minimiser l'irritation de la veine ; le meilleur choix est une veine du membre supérieur (voir schéma).
    • veine céphalique,
    • veine basilique,
    • veine cubitale,
    • veine radiale,
    • veine dorsale de la main (douloureux),
    • veine dorsale du pied (douloureux).

Sites des prélèvements IV

  • Pour les enfants, il peut être nécessaire de faire appel à d'autres veines ou artères.
  • S'assurer que la peau est saine ; ne pas choi­sir un endroit ou la peau est lésée.
  • Appliquer le garrot pour faire gonfler la veine en le serrant modérément (pour éviter les risques d'hémolyse).
  • Placer un essuie-main sous le bras pour faire mieux ressortir l'endroit de la ponction.
  • Si la veine n'apparaît pas, demander au patient de serrer et de desserrer le poing, puis de le tenir fermé le moins longtemps possible (car risque d'hyperkaliémie).
  • Désinfecter l'endroit de la ponction veineuse.
  • Stabiliser la veine en tendant légèrement la peau au moyen du pouce gauche (si vous êtes droitier !) en posant le pouce à quelques centimètres en dessous du point de ponction en vue de l'introduction de l'aiguille.
  • Tenir l'aiguille avec un angle de 30°, le biseau de l'aiguille tourné vers le haut.
  • Piquer à 1 centimètre au dessous de la saillie veineuse (pour certains dans le sens de la circulation veineuse ?).
  • Faire pénétrer l'aiguille dans la veine et véri­fier l'existence d'un reflux de sang prouvant la présence de l'aiguille dans la veine.
  • Desserrer le garrot.
  • Si l'on dispose d'un corps de pompe(tulipe) avec des tubes adaptés sous vide,tenir ferme­ment le corps de pompe d'une main et adap­ter successivement chaque tube avec l'autre main en respectant l'ordre selon l'anticoagu­lant et en agitant doucement les tubes pour bien mélanger le sang et l'anticoagulant.
  • Dans le cas contraire, remplir chaque tube et le disposer sur le portoir : ils seront rebou­chés et agités dès la fin de la ponction.
  • Oter l'aiguille avec le dernier tube puis com­primer quelques minutes avec une compresse stérile enduite éventuellement d'une solution antiseptique, en s'aidant si possible du patient.

  • Si le prélèvement n'a pas été directement effectué dans les tubes transvaser l'échan­tillon de sang rapidement dans les flacons destinés à tel ou tel examen sans attendre car risque de coagulation.
  • Assurer une bonne identification des tubes immédiatement (nom, prénom, numéro de prise en charge) car la moitié des erreurs se produisent lors du prélèvement, la nature des analyses à effectuer.
  • Noter la date, l'heure et le motif du prélève­ment dans le dossier du malade, ou le registre de consultation ou d'hospitalisation.
  • Enfin s'assurer qu'il n'y a pas de saignement ou d'hématome au lieu du prélèvement : si oui effectuer un pansement compressif (pen­dant 1/4 d'heure en s'aidant de la participa­tion du patient).
  • Jeter l'aiguille sans recapuchoner dans un conteneur spécifique.
  • Apporter le plus rapidement les prélève­ments au laboratoire.
  • Si l'antiseptique utilisé est à base d'iode, bien le retirer pour éviter toute réaction aller­gique.

Si les veines sont difficiles à trouver, tout particulièrement si elles sont colla­bées en cas de choc, placer des com­presses très chaudes pendant quelques minutes. Ce procédé est efficace car la chaleur fait dilater les vaisseaux san­guins.

Développement et Santé, n°183, 2006