Destruction des piquants et coupants

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Destruction des piquants et coupants : expérience du Kosovo (J.L. Rey) Février 2010 Au Kosovo, les années d'instabilité et les quelques mois de guerre avaient provoqué une accu­mulation des déchets de toutes sortes dont des déchets médicaux. Il n'existait pas d'incinérateur et les déchets médicaux étaient déversés à la décharge. L'incinération des piquants et coupants a trouvé une solution par l'utilisation de fours artisanaux fabriqués sur place à un coût acceptable (environ 150 euros). Ils se présentent selon la forme d'un poêle similaire à ceux rencontrés sur place, d'une taille d'environ 60x60x140 cm. Nous avons testé le poêle classique, mais l'inciné­ration des aiguilles n'est pas suffisante, elles restent dangereuses et les fumées sont très chargées. LONG "OXFAM" ayant fourni aux dispensaires des fours artisanaux confectionnés à partir de fûts de 200 litres avec une particularité qui leur permette de détruire les aiguilles et de pro­duire des fumées moins chargées, nous avons repris le principe pour un four plus grand et plus solide. Cette particularité consiste à ménager, en arrière du foyer, un espace vide qui assure une oxygénation importante du foyer et une température supérieure. Dans le fût d'OXFAM, l'espace intérieur est séparé par une grille horizontale à 30 cm de la face inférieure, avec une ouverture qui permet l'aération, et verticalement, par une 2ème plaque perforée placée à envi­ron 1/3 de l'espace, selon les figures ci-dessous. Le volume du foyer est donc réduit de 1/3, mais permet une oxygénation suffisante pour détruire les aiguilles. L'inconvénient du système OXFAM est que le volume du foyer est relativement réduit et, en particulier, que certains conteneurs d'aiguilles n'entrent pas. C'est pourquoi nous avons fait réaliser un incinérateur à partir des fours locaux qui présente les avantages suivants - construction avec les matériaux utilisés pour les fours locaux, donc plus résistants à la cha­ leur (tôles de 8 ou 10 mm d'épaisseur au lieu des tôles de 3 à 4 mm des fûts) ; - volume du foyer plus important ; - taille de l'ouverture plus grande permettant d'y mettre les conteneurs d'aiguilles de 7 litres ; - récupération des cendres permettant un nettoyage facile (ce système n'est possible que lors de la construction d'un four ; il n'est pas obligatoire). La construction d'un four spécifique est possible si le forgeron local dispose de tôles adéquates, sinon, il faut revenir au principe classique de la récupération des fûts de 200 litres dans lesquels on soude une grille à 30 cm du fond et une autre verticale à 1/3 de la circonférence de base. Les ordures sont placées en avant de cette grille, au dessus de la grille horizontale. Dans la par­tie basse du fût, il faut ménager des ouvertures dans la paroi du fût pour accélérer la ventilation. En Afrique il est possible d'envisager la construction de four selon des plans similaires avec des briques réfractaires et des grilles de récupération. Pour améliorer la combustion, il est possible de mettre dans le foyer, en plus des papiers et cartons, des matériaux en plastique qui sont de bons « allumeurs », même s'ils sont aussi de gros producteurs de fumées. Conteneur à aiguilles pour zones défavorisées La destruction des déchets (ménagers et médicaux) est un problème majeur pour tous les pays. Ce problème est particulièrement grave pour les pays en développement car les coûts sont élevés, surtout si on souhaite suivre les normes des pays industrialisés. Ces normes, dont l'intérêt n'est pas discutable, peuvent néanmoins être adaptées pour faire baisser les coûts. Il est mieux d'adapter des règles de sécurité à un niveau acceptable plutôt que l'absence totale de règles comme cela se passe souvent. Les déchets des centres de soins sont constitués d'ordures ménagères, de déchets contaminés (pansements, objets de soins, linges souillés) et de déchets piquants ou coupants (+/- contami­nés). Chaque catégorie doit être stockée dans des conteneurs différents avant d'être incinérée. Le problème le plus aigu, parce que facteur de risques d'accidents, est la gestion des déchets piquants et coupants. Avant une destruction par incinération à 800°C, ces objets doivent être placés dans des conteneurs hermétiques et solides afin d'éviter les blessures à travers le conte­nant (pas de sac plastique ou conteneur en carton). Les canettes en aluminium : oui Les bouteilles en verre : non Très souvent sont utilisées en Afrique, de manière informelle, des bouteilles en verre ou des canettes en aluminium. Il est possible de conseiller l'utilisation des canettes vides en aluminium. Ce conteneur a, de plus, l'avantage d'avoir une ouverture réduite permettant néanmoins l'introduction des aiguilles et lames coupantes. Bien sûr, les aiguilles y seront introduites sans être recapuchonnées. Pour que ce conteneur arrive à un niveau de sécurité voisin des outils commercialisés et accré­dités dans les pays industrialisés, il faudrait trouver un moyen pour refermer l'ouverture de façon sûre. En attendant, il est possible de fermer avec un bouchon en liège ou de tout autre bois. Mais que celui qui a une meilleure idée en fasse part, il sera récompensé. Les bouteilles en verre ont l'inconvénient d'être fragiles, les bouteilles d'eau en plastique, celui d'être trop facilement transperçables, surtout quand elles sont restées au soleil. Les bidons en acier sont difficilement incinérables. En l'absence de canettes en aluminium, l'utilisation des bouteilles en plastique non transparent ayant contenu des produits non alimentaires, comme les huiles de moteur ou les produits ménagers, est parfaitement possible. Soyez vigilant ! Lorsque le matériel doit être réutilisé, vous devez absolument le stériliser.