Hépatites : une urgence encore et toujours

Par Christian Mongin, médecin, Paris

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L’OMS a présenté, le 21 avril 2017, son dernier rapport sur les hépatites dans le monde [1]. Il est accablant. L’organisation internationale avait lancé, en mai 2016, un appel visant à éliminer les hépatites virales en tant que menace de santé publique à l’horizon 2030. L’objectif est d’atteindre une réduction des nouvelles infections de 90 % et de la mortalité de 65 %.
Mais la route va être longue si la mobilisation autour de ces maladies ne s’intensifie pas au niveau de la prévention, du dépistage et du traitement.

Quelle est la situation actuellement ?

Les hépatites virales ont tué 1,34 million de personnes en 2015. Ce chiffre est comparable aux décès dus à la tuberculose et au VIH. Mais il faut noter que la mortalité due au VIH, à la tuberculose (et aussi au paludisme) baisse, alors que celle qui est due aux hépatites augmente.
L’OMS estime que 328 millions de personnes dans le monde sont des porteurs chroniques du virus : 257 millions pour le VHB et 71 millions pour le VHC.
Près de 70 % des personnes infectées par le VHB se trouvent dans les régions Afrique et Pacifique occidental. L’hépatite C a, quant à elle, une répartition beaucoup plus ubiquitaire.

En 2015, il y a eu environ 1,75 million de nouveaux cas d’infection à VHC.
L’OMS considère que les injections à risque dans les structures de soins (5 % d’entre elles ne respecteraient pas les règles d’asepsie!) et la consommation de drogues par voie intraveineuse sont les voies les plus courantes de la transmission du VHC.
Une bonne nouvelle quand même : les nouvelles infections à VHB baissent grâce à une progression de la couverture des enfants par la vaccination anti VHB.(dans le monde , 84 % des enfants ont eu les 3 doses du vaccin contre l’hépatite B).

Sans traitement, les hépatites chroniques dues au VHB et au VHC peuvent entraîner des cirrhoses (720 000 morts) et des cancers primitifs du foie (470 000 morts).
Mais l’accès aux traitements reste très faible. En 2015, seulement 8 % des personnes dépistées pour le VHB et 7,4 % de celles dépistées pour le VHC ont reçu un traitement.

Encore faut-il que ces patients soient dépistés. D’après le rapport, seulement 9 % des infections à VHB et 20 % des infections à VHC l’ont été.

La lutte doit donc être globale

  • Dépistage
    Il faut systématiquement le proposer d’autant plus que les tests vont devenir plus abordables ;
  • Prévention
    Par la vaccination contre l’hépatite B, bien sûr, qui doit être encore améliorée. Il est évident que la débuter dès la naissance est de la plus grande importance.
    Mais aussi par l’amélioration de l’asepsie dans le cadre des soins et la mise en place d’une politique des réductions des risques pour les usagers de drogues par voie IV.
  • Traitement
    Ce défi doit pouvoir être relevé. Il passe par une meilleure accessibilité financière de ces traitements et par la formation des prescripteurs.
  • Mise en place de véritables programmes de santé publique
    Ces programmes doivent coordonner l’ensemble du dispositif et garantir la pérennité de la prise en charge.

Il y a 5 ans, Développement et Santé s’était mobilisé en participant à l’appel de Dakar et en publiant un numéro spécial consacré aux hépatites. Une mise à jour avait été faite par le Pr Nicolas Kodjoh en novembre 2015 .
L’implication des personnels de santé à tous les niveaux doit être soutenue. Développement et Santé continuera à le faire et proposera régulièrement, grâce à son réseau de correspondants, des mises à jour sur la prise en charge de ces maladies, notamment en Afrique.

[1] http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/255016/1/9789241565455-eng.pdf?ua=1