Les infections toujours présentes à l'aube du XXIè siècle

Par Philippe Reinert Pédiatre, hôpital intercommunal, Créteil, France

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À l'aube du XXIe siècle, malgré tous les progrès scientifiques de ces dernières années, les maladies infectieuses demeurent un problème majeur (rapport OMS 1996). En effet, si la variole a été éradiquée voici plus de dix ans, et si la poliomyélite et la lèpre sont en voie de disparition, les maladies infectieuses sont toujours la principale cause de mort prématurée dans le monde.

Le combat contre l'infection devient de plus en plus difficile. Ainsi la tuberculose et le paludisme qui semblaient maîtrisés opèrent un retour en force. Le choléra et la fièvre jaune frappent des pays qui jusque là étaient à l'abri. D'autres maladies résistent maintenant aux antibiotiques et sont parfois devenues incurables.

Enfin de nouvelles maladies voient le jour comme la fièvre hémorragique à virus Ebola (pour laquelle il n'existe aucun traitement), les pneumonies à Hantavirus. Ces grands fléaux ont un impact non seulement sur la santé humaine, mais sur le développement économique des pays.

Le paludisme touche jusqu'à un milliard de personnes par an et en tue au moins deux millions.

Les infections respiratoires tuent presque quatre millions d'enfants, la tuberculose trois millions.

Le VIH qui infecte chaque année vingt-quatre millions d'individus, a déjà fait disparaître plus de quatre millions de personnes. En 1997, seize mille nouveaux cas par jour surviennent

Que pouvons-nous faire ?

Au lieu de baisser les bras, ne faut-il pas se rappeler que toutes les maladies sont transmissibles, donc a priori évitables par des mesures d'hygiène, hélas de moins en moins appliquées.

Les obstacles sont connus de tous :

  • la misère expose des centaines de millions d'individus au manque d'hygiène et la moitié de la population mondiale n'a pas régulièrement accès aux médicaments essentiels ;
  • l'accroissement de la population qui se regroupe de plus en plus dans des bidonvilles sans eau potable est une condition idéale pour les épidémies de diarrhée, de tuberculose
  • les migrations du fait des guerres favorisent encore plus les épidémies ;
  • la crise économique, dans de nombreux pays, va enfin paralyser le système de santé qui ne peut plus jouer son rôle préventif et curatif.

Devant ces problèmes colossaux, l'OMS définit trois priorités

  • D'abord achever ce qui est en cours, à savoir l'éradication des maladies telles que la poliomyélite, la rougeole, la lèpre, la dracunculose. Cela n'exigera pas des budgets gigantesques, mais faute de réunir les moyens nécessaires, tout l'acquis pourrait être perdu ;
  • La deuxième priorité est de s'attaquer aux vieux maux tels que la tuberculose et le paludisme, en faisant disparaître les sources d'infection, en mettant en place une bonne surveillance épidémiologique, et enfin en mettant au point des traitements plus faciles et en particulier des vaccins,
  • La troisième priorité est d'engager un combat international contre les maladies infectieuses. Que de progrès ont été réalisés sur le sida en dix ans : mais qui aura accès aux nouvelles thérapeutiques qui protègent le nouveau-né dans 98 % des cas ?

Développement et Santé, n° 132, décembre 1997