Action des infirmiers(ères) dans la lutte contre le paludisme

Par Blanche Toé, Ouagadougou, Burkina-Faso [email protected]

Publié le

Au Burkina Faso le paludisme représente 40% des motifs de consultation, 53% des motifs d'hospitalisation et 45% des causes de décès.

Le rôle des infirmiers est donc primordial dans la lutte contre ce fléau même si institu­tionnellement ce rôle n'a pas été réellement pris en compte. En effet, outre le diagnostic précoce et la prise en charge correcte des cas, l'infirmier est le mieux placé pour pro­mouvoir les moyens de prévention et infor­mer tous les parents et surtout les femmes des conduites à tenir pour prévenir et traiter le paludisme.

Aussi l'association burkinabe "infirmières sans frontières" créée il y a 5 ans a décidé de participer activement à cette lutte.

Plan de lutte et infirmiers

Le plan de lutte comporte 3 volets essentiels :

  • prévention par utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticides (MII) :
  • prise en charge correcte et précoce des cas ;
  • protection des femmes enceintes et autres populations vulnérables.

L'infirmier doit

Au niveau des centres de santé péri­phériques

  • faire la promotion des moustiquaires imprégnées et favoriser leur disponibilité,
  • reconnaître et diagnostiquer le plus préco­cement possible les cas simples,
  • traiter selon le protocole national tous les cas simples,
  • assurer information et sensibilisation sur le paludisme dans la population,
  • reconnaître et référer le plus rapidement possible les cas graves,
  • participer aux activités communautaires pour l'utilisation des moustiquaires et l'as­sainissement du milieu.

Au niveau des hôpitaux

Mettre en application les prescriptions, des soins infirmiers et la surveillance des malades.

Participation aux activités com­munautaires de l'association

Sensibilisation au niveau des marchés

En coopération avec "l'association des femmes leaders" l'association des infirmières est intervenue au niveau de 3 marchés des 5 communes de Ouagadougou et de 3 com­munes des environs, soit 18 marchés.

Une causerie par semaine a été réalisée dans ces marchés par 2 infirmières, accom­pagnées par une femme leader soit, sur un an, 498 interventions. Le contenu de chaque causerie portait sur les signes, traite­ment et prévention du paludisme au niveau familial, en particulier l'utilisation des MII et des rideaux imprégnées ainsi que la gestion correcte du stockage de l'eau alimentaire.

Si on estime à 600 personnes concernées par chaque intervention en un an, environ 10 000 personnes ont été ainsi sensibilisées. Une visite à domicile a été faite dans 5 familles choisies par la femme leader de chaque marché et a montré que sur ces 5 familles, 3 familles utilisaient des MII et 4 familles changeaient régulièrement l'eau de boisson dans les récipients de stockage.

Intervention au niveau des écoles

Ces interventions ont porté sur 13 écoles (2 écoles pour les 5 communes de Ouaga­dougou et 3 écoles de villages périphériques) dans les classes de CM1 et CM2.

Un entretien préalable avec les maîtres a permis d'obtenir leur adhésion et leur coopération.

Pendant 3 mois, 2 infirmières se sont ren­dues toutes les semaines dans les écoles pour faire des interventions en CM1 et en CM2. Au total environ 60 interventions ayant concerné 2000 élèves ont donc été faites portant sur les connaissances sur le paludisme, les modes de transmission, l'éco­logie des moustiques, la prévention et le trai­tement.

Un an après, des entretiens ont été réalisés dans les mêmes classes et 60 % de bonnes réponses sur le paludisme ont été recueillies auprès des élèves.

Développement et Santé, n°189, 2008