Guide de gestion des médicaments : quelques problèmes particuliers

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I. Variation de la consom­mation mensuelle moyenne (C.M.M.)

Nous savons tous que certaines maladies surviennent plus souvent à certaines saisons de l'année. La consommation des produits qui servent à les soigner augmente alors de manière importante.

Nous savons aussi que la fréquentation d'un centre de santé varie dans l'année : le nombre des consultations diminue lorsqu'une grande partie de la population est occupée ailleurs, par exemple au moment des travaux agricoles.

Si vous avez dans vos archives vos consom­mations de plusieurs années, vous pouvez calculer votre consommation mensuelle pour chacun des 24 ou 36 mois passés (2 ou 3 ans) et évaluer l'évolution des consommations mensuelles de chaque produit.
Sur une feuille de papier, tracez cinq colonnes (si vous disposez de deux années).

  • Dans la pre­mière colonne, écrivez CMM sur la première ligne, et au-dessous, écrivez les douze mois de l'année.
  • Dans la colonne suivante, écrivez "Consommation mensuelle" d'il y a deux ans pour le produit en question et dans les cases la consommation pour le mois correspondant (C) de l'année.
  • Dans la 3ème colonne, la différence entre la consommation C et la CMM : C - CMM.

On voit bien que, pour certains mois, la consommation va être plus petite que la CMM , alors que pour d'autres mois la consommation pourra être plus forte que la CMM. Il est probable que d'une année sur l'autre, les mêmes mois vont se ressem­bler.

L'examen de ce tableau, et en particulier de la colonne C - CMM, va vous permettre de déterminer les mois de faible ou forte consom­mation et éventuellement d'adapter vos com­mandes. En effet si vous calculez le pourcen­tage supplémentaire consommé pour les mois à forte consommation, vous pourrez facilement ajuster votre commande pour ces périodes-là et ajuster à la baisse également pour les mois à faible consommation.

Exemple : consommation mensuelle d'il y a 2 ans (- 2) et de l'année dernière (- 1)
Année - 2 Consommation mensuelle (C) Année - 2 C - CMM = Année - 1 Consommation mensuelle (C) Année - 1 C - CMM =
CMM 54 54
Janvier 56 2 55 1
Février 70 14 72 18
Mars 72 16 71 17
Avril 60 6 66 12
Mai 52 - 22 51 - 3
Juin 50 - 4 50 - 4
Juillet 49 - 5 48 - 6
Août 48 - 6 48 - 6
Septembre 46 - 8 47 - 7
Octobre 45 - 9 45 - 9
Novembre 48 - 6 47 - 7
Décembre 53 - 1 52 - 2

Nous voyons bien que, au cours des mois de février à avril, la consommation de ce produit a augmenté jusqu'à presque un tiers de plus que la CMM. Si on reste au même seuil de com­mande, vous risquez d'être en rupture de stock pour un produit dont vous avez un grand besoin.

Vous pouvez avoir une idée plus exacte de vos besoins réels en calculant pour les mois à forte consommation, quel pourcentage de la CMM vous consommez en plus :
D est le résultat de la soustraction C - CMM (elle figure en italique dans le tableau).
Le pourcentage de surconsommation du mois de mars sur la CMM est le résultat de la règle de trois :

D x 100 / CMM = 18 x 100 / 54 = 1800 / 54 = 33,3

Au mois de mars, on a consommé un tiers de plus que la CMM prévue.

II. Comment détruire les médicaments périmés ou détériorés ?

Vous devez détruire tous les produits périmés ou détériorés, et faire en sorte que rien ne puisse être récupéré.

Vous devez détruire les déchets de soins (pansements, seringues, cotons, etc.).

S'il existe pour votre centre de santé un systè­me de destruction des déchets de soins vous pouvez l'utiliser pour détruire les médicaments périmés ou détériorés.

A défaut, creusez un trou de 0,50 m de lon­gueur, 0,50 m de largeur et 0,50 m de profon­deur au minimum. Veillez à faire ce trou très loin de tout point d'eau (au moins cent mètres lorsqu'il s'agit d'un puits), et de ne pas creuser dans une ravine ou un lit asséché, pour éviter que les prochaines pluies déterrent les restes et provoquent une pollution de l'environnement. Les produits à détruire doivent être totalement déconditionnés.

  • Videz les flacons de liquides dans le trou.
  • Videz les flacons de poudre et versez les poudres de ces flacons dans le trou.
  • Si vous pouvez, ouvrez les gélules et ver­dez le contenu dans le trou.
  • Mettez les comprimés et les gélules dans un sachet en plastique épais.
  • Pilez le sachet avec une masse en bois, pour réduire en poudre comprimés et gélules.
  • Déposez le sachet contenant ce qui reste des comprimés écrasés dans le trou.
  • Brûlez les emballages en papier et notices dans ce trou en veillant que le feu se communique au sachet, éventuellement aux poudres.
  • Une fois que tout a brûlé, les sachets et les boîtes en matière plastique ont été fondus et ont aggloméré ce qui reste des comprimés et gélules. Tout est à présent inutilisable.
  • Rebouchez le trou en couvrant soigneuse­ment avec de la terre.

Vous pouvez récupérer les flacons et bouteilles vides après un lavage rigoureux.

III. Préparation à l'avance de la dispensation

Pour les produits les plus prescrits, on peut réaliser des pré-emballages :

  • on note le protocole habituel pour adultes et enfants,
  • on met dans des sachets en plastique le nombre de comprimés au dosage conve­nable, correspondant à ces protocoles selon les recommandations définies plus haut pour compter les comprimés et les mettre dans les sachets,
  • on colle sur chaque sachet une étiquette avec :
    • la DCI, la date de péremption,
    • la posologie,
    • la destination (enfants, adultes, nom du protocole),
  • on ferme les sachets par pression, agrafage ou par soudure.

Cette pratique exige une très grande rigueur : il ne faut préparer qu'un seul type de sachet pour un seul protocole dans le même temps ; la table ne doit strictement porter que ce qui est nécessaire à cette tâche. Le travail peut être facilité par l'utilisation de compteurs manuels ou automatiques (électriques).

IV. Où mettre le réfrigérateur ?

S'il s'agit d'un réfrigérateur électrique, vous pouvez le mettre dans le local pharmacie si ce local a un volume supérieur à 10 m3 (s'il est plus petit le réfrigérateur va élever la température de la pièce).

Dans tous les autres cas (local pharmacie plus petit, réfrigérateur à gaz ou à pétrole etc.) il faut le placer dans une autre pièce convena­blement aérée.

L'utilisation du réfrigérateur et du congélateur éventuel dépend souvent du Programme élargi de vaccination (P.E.V.). L'utilisation de ces appareils essen­tiels de la chaîne de froid, pour d'autres tâches que celles de ce programme doit donc se faire avec l'accord du superviseur du P.E.V., qui aura également son mot à dire pour le choix de leur emplacement.

Développement et Santé, n°188, 2007