L'eau, un enjeu primordial

Par Olivier Bismuth Médecin généraliste

Publié le

Disposer d'eau pour chaque terrien

est un enjeu aux multiples aspects

Enjeu vital car non seulement l'eau nous permet de vivre, mais nous sommes constitués d'eau à 75 %. Nous expirons de la vapeur d'eau et nous éliminons des selles hydratées à plus de 50 %.

Enjeu de qualité : l'eau potable doit satisfaire à des critères bien définis notamment pour les quantités de métaux acceptables qu'elle peut contenir dans un litre, par exemple un taux trop élevé de plomb peut entraîner du saturnisme, et un taux de fluor trop élevé dans certaines rivières expose à un risque de lésion de l'émail dentaire. Evidemment l'eau potable doit répondre aussi à des conditions bactériologiques et parasitologiques fréquemment surveillées mais aussi à des critères de représentations sociales et psychologiques. Ainsi dans certains pays où l'eau est très contrôlée, certains considèrent cependant que l'eau de source en bouteille est supérieure à l'eau du robinet.

Enjeu thérapeutique : on peut traiter de nombreuse maladies avec de l'eau réhydrater un enfant avec de l'eau salée sucrée ou en perfusion, soigner et guérir une conjonctivite par un lavage au sérum physiologique, laver une plaie ou une brûlure, prévenir une crise de colique néphrétique par des boissons quotidiennes abondantes, soulager une fièvre et prévenir un risque convulsif par des enveloppements humides.

Enjeu de prévention et d'éducation pour l'accès à une eau potable et non polluée, par exemple la protection des margelles de puits contre diverses souillures, la lutte contre le péril fécal, l'éducation à l'école et dans les familles notamment les recommandations d'hygiène de base. Toutes ces mesures permettraient de limiter la fréquence des maladies infectieuses, virales, bactériologiques et parasitaires liées à l'eau.

Enjeu économique : les gouvernements sont souvent confrontés au choix entre un réseau d'adduction d'eau efficace, bénéfique pour la santé et le bien-être des populations, mais lourd à développer et très coûteux d'une part, et d'autre part, la promotion de petits moyens locaux, de techniques traditionnelles ou modernes (dont nous donnons des exemples dans ce numéro) associée à la promotion de l'hygiène. Ils sont plus accessibles, moins coûteux mais d'efficacité plus aléatoire. Par ailleurs, l'investissement et la maintenance d'un réseau d'adduction d'eau dans la durée impliquent souvent un financement international.

Enjeu culturel : là où l'eau est accessible, on observe, parallèlement au développement une surconsommation voire un gaspillage. Là où elle manque, chaque goutte devrait être protégée et le mode de vie est modifié en conséquence.

Enjeu humain en ce moment le Niger et d'autres pays du Sahel souffrent d'une grave sécheresse. C'est la période de la soudure pour les agriculteurs. Le taux d'enfants malnutris et de décès infantiles augmente, tandis que les éleveurs doivent réduire leur cheptel et sacrifier des bêtes. Ailleurs, des inondations ravagent et ruinent des territoires.

Enjeu politique : qui détient la source possède le pouvoir. C'est toujours vrai, et on peut observer que le détournement de l'eau d'un fleuve peut déclencher ou aggraver un conflit régional ou entraîner des migrations de populations. La pénurie d'eau dans le monde accroît les craintes dans ce domaine pour l'avenir.

Enjeu écologique : c'est le problème du réchauffement climatique et de ses conséquences sur les modifications de la répartition des pluies, de l'évaporation et donc sur les conditions de vie pour la flore, la faune, et pour les êtres humains.

L'inventaire de tous ces enjeux est probablement incomplet. Tous sont liés entre eux. Les défis sont multiples, ils dépassent chaque individu, mais il est possible d'accroître l'accessibilité à une eau potable, et par là améliorer la santé de chacun et le niveau de vie général. Tout est possible.