Le bon usage des bandelettes réactives urinaires

Par Catherine Dupeyron Bactériologiste, Hôpital Albert-Chenevier, Créteil, France.

Publié le

Les bandelettes réactives urinaires permettent la mise en évidence d'un certain nombre d'ano­malies biologiques visibles au niveau des urines. Elles sont employées soit dans le cadre de dépis­tages chez un grand nombre de patients, soit au niveau d'hôpitaux ou de dispensaires qui ne disposent pas d'un laboratoire de biologie.

Ces bandelettes peuvent rendre des services pour l'orientation des diagnostics à condition toute­fois d'être correctement employées. En effet, la qualité et la validité des résultats obtenus sont soumises au respect de précautions indispensables qui concernent aussi bien les conditions de conservation des bandelettes que la méthodologie employée, les indications de la recherche et l'interprétation des résultats. Les bandelettes réactives sont commercialisées par différentes firmes, mais les recherches reposent sur les mêmes réactions chimiques ou enzymatiques. Les recommandations énoncées ici sont valables pour tous les types de bandelettes urinaires. Certains laboratoires proposent en même temps des appareils de lecture des bandelettes, munis d'une imprimante, délivrant ainsi un compte rendu d'analyse écrit. Le fait de disposer de ces appareils ne dispense pas des précautions d'emploi.

I. Conservation

C'est un point très important : les bandelettes sont imprégnées d'un réactif chimique, souvent sensible à la chaleur, à l'humidité et à la lumière. Si ce réactif est altéré, les résultats peuvent être difficiles à lire ou, ce qui est encore plus grave, faussement négatifs. Il faudra toujours respecter les consignes indiquées par le fabricant pour la conservation. En particulier, les bandelettes doi­vent toujours être conservées à une température inférieure à 30°C, dans un endroit sec (pièce cli­matisée si possible). Elles doivent être gardées dans le flacon d'origine avec le desséchant et sorties seulement au moment de l'utilisation (attention, un réfrigérateur est trop humide !).

II. Recueil des urines

Il faut utiliser un récipient propre et sec, et ne pas y mettre d'antiseptiques ou de conserva­teurs qui peuvent modifier certains tests.

  • Recueillir les urines de milieu de jet afin d'éviter les contaminations du carrefour uro-génital.
  • Les urines doivent être analysées immédiatement ou le plus rapidement possible.
  • En cas d'examen différé, l'urine sera conservée au réfrigérateur (à 4°C) et ramenée à température ambiante pour l'examen.

Ne pas oublier que les leucor­rhées et les pertes menstruelles peuvent donner des résultats positifs (protéines, hématies, leuco­cytes) dont l'origine n'est pas urinaire.

III. Mode d'emploi

Le délai indiqué pour la lecture est primordial. Son non-respect entraîne des réponses faus­sement positives ou faussement négatives.

  • Toutes les zones réactives de la bandelette doivent être plongées dans l'urine et retirées immédiatement.
  • L'excès d'urine doit être éli­miné en tapotant légèrement la bandelette sur le bord du récipient.
  • La bandelette doit être tenue horizontale pour éviter les interférences en cas de plusieurs recherches simultanées.

Toutes les bandelettes sont livrées avec un mode d'emploi comportant, entre autres, le seuil de détection de chaque zone et l'interpré­tation des réactions. Ce mode d'emploi doit être soigneusement conservé, à portée de main afin de pouvoir être consulté par les utilisateurs.

IV. Conclusion

Les bandelettes urinaires constituent un bon outil de dépistage. La confirmation devra être apportée par des examens biologiques. Leur bonne manipulation est très importante.

Une mauvaise utilisation de la bandelette serait plus nuisible qu'utile puisqu'elle pourrait entraî­ner de faux négatifs, conduisant à éliminer à tort certains diagnostics importants.

Développement et Santé, n°183, 2006