Pian : traitement évalué par l'OMS
Efficacité d'une dose unique d'antibiotique.
BANGKOK, 18 janvier 2012 (IRIN)
Les conclusions qui indiquent que le pian, une maladie tropicale négligée, peut être traité avec une efficacité identique par une dose unique d’antibiotiques administrée par voie orale ou par l’injection de pénicilline actuellement recommandée ont conduit l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à organiser une réunion qui abordera la question de la manière d’éradiquer cette maladie.
« Nous n’avons probablement jamais été aussi près du but au cours de ces dernières décennies », a dit à IRIN Kingsley Asiedu, un spécialiste du pian au département de contrôle des maladies tropicales négligées de l’OMS. Selon lui, l’étude réalisée sur cette maladie bactérienne de la peau, qui entraîne des mutilations et des invalidités chroniques chez dix pour cent des sujets infectés, est la plus importante de ces 50 dernières années.
La mise en œuvre d’un programme de contrôle international par les Nations Unies a permis de faire passer le nombre d’infections de 50 millions à 2,5 millions dans 46 pays en 1964, mais la maladie est réapparue au cours des années 1970 en raison de retards dans les efforts de contrôle.
Selon les chiffres les plus récents, qui ont été transmis à l’OMS en 1995, la maladie aurait alors affecté quelque 460 000 personnes - des enfants pour la plupart - vivant principalement dans des régions tropicales rurales et pauvres d’Afrique et d’Asie.
En 2010, une dose unique d'antibiotique azithromycine a été administrée par voie orale à quelque 250 bébés et enfants de six à 15 mois soignés au centre médical de Lihir en Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG), où le pian est toujours endémique.
Les examens de suivi réalisés en 2011 ont montré que le traitement était aussi efficace que les injections de pénicilline, qui - contrairement aux antibiotiques oraux - doivent être administrées par un personnel médical qualifié et nécessitent des équipements rarement disponibles dans les zones qui ont le plus besoin de traitements, ont souligné les chercheurs.
Le dernier indice d’accessibilité des travailleurs de la santé de l’organisation non gouvernementale (ONG) Save the Children révèle que la PNG se classe dans les 20 derniers pays sur 161 étudiés.
Organisée par l’OMS, la réunion des spécialistes du pian, qui se tiendra à Genève du 5 au 7 mars, « définira de façon détaillée la manière dont nous adopterons [un nouveau régime de traitement du pian] en utilisant l’azithromycine », a dit M. Asiedu.
Les directives de traitement antipian de l’OMS datent des années 1960 et aucune alternative n’a été proposée depuis, a-t-il ajouté.
En Asie du Sud-Est, l’OMS a fixé l’objectif d’une éradication régionale du pian en 2012 dans les deux pays endémiques restants - l’Indonésie et le Timor-Leste. La PNG, les îles Salomon et Vanuatu ont également signalé des cas.
Selon des estimations antérieures, l’Afrique sub-saharienne a été la plus lourdement touchée, mais la « situation n’est pas tout à fait claire pour l’instant », a dit M. Asiedu. Le Cameroun, la République d’Afrique centrale, le Congo, la Côte d'Ivoire, la République démocratique du Congo, le Ghana, la Sierra Leone et le Togo ont tous signalé des cas.
De nouvelles études doivent être réalisées pour s’assurer que la résistance à l’azithromycine ne se développe pas, a dit David Mabey de l’École d'hygiène et de médecine tropicale de Londres (London School of Hygiene and Tropical Medicine).
Si la pénicilline « a résisté à l’épreuve du temps » - depuis presque 60 ans, elle demeure efficace dans le traitement de la bactérie responsable du pian - il a souligné que l’azithromycine avait beaucoup été utilisée dans les pays en développement pendant une décennie afin de traiter le trachome, une autre maladie bactérienne répandue dans les zones rurales pauvres.
La prochaine réunion de l’OMS s’intéressera notamment à une mesure visant à surveiller la résistance aux antibiotiques, a dit M. Asiedu. « Le risque de résistance aux antibiotiques concerne tous les traitements, il nous faut donc rester vigilants ».
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Par Jean-Loup Rey, GISPE