Mutilations génitales féminines

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Les conclusions du forum HIFA-EVIPNet

Synthèse des discussions HIFA-EVIPNet (voir l'éditorial du numéro 206) sur les Mutilations Génitales Féminines qui ont eu lieu au cours du mois de janvier 2015, incluant plusieurs interviews d'experts, et faisant suite notamment à la journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines.

Principaux points clés

Complications liées à la santé

L'impact sur la santé est multiple et très négatif .
La sévérité dépend du type d'excision, mais aucune n'est acceptable sur le plan de la santé publique.
Les principales conséquences sont les suivantes : douleurs, hémorragies, infections qui augmentent le risque ultérieur d’infections des voies urinaires, de kystes, de fistules, de complications obstétricales ; augmentation de la mortalité néo-natale et maternelle, besoin de chirurgie réparatrice, augmentation du risque diinfections (VIH, Hépatites), etc...

Situation épidémiologique et données

Selon l'UNICEF, le taux de prévalence baisse d'une manière globale mais lentement, les résultats sont très différenciés selon les pays.

  • Le niveau éducatif a un impact très positif sur le taux de prévalence.
  • Le nombre exact de victimes est relativement difficile à connaître. L'impact sur la santé également en raison des modifications intervenant dans l'accès aux soins.
  • Du fait de la croissance démographique, il est possible que le nombre de victimes continue d'augmenter actuellement avant d'entamer une décrue ;
  • Nous ne sommes pas encore en mesure de donner une date pour la fin totale de l'excision, certains pays pourraient assez rapidement l'atteindre quand pour d'autres l'horizon semble plus lointain.

Actions à éviter

La médicalisation de la pratique est à bannir, elle ne permet pas d'apporter une solution acceptable.
Il ne faut pas confondre pratique traditionnelle et pratique religieuse, il n'y a pas de juxtaposition.

Actions à recommander

L'éducation de masse doit être considérée comme un argument prioritaire pour le recul, du fait de taux de prévalence très différenciés selon le niveau éducatif ;
L'accès aux soins pour tous doit aussi permettre de mieux

  1. sensibiliser les parents aux dangers médicaux de cette pratique et
  2. prendre en charge les victimes et par exemple limiter les complications obstétricales à l'accouchement ainsi que le coût associé.

L'implication de religieux (comme le fait l'Université d'Al Azhar) est positive et permet de changer certains paradigmes.
Retenir les leçons des projets menés par des organisations de terrain (Tostan, Equilibres et Populations, etc...) afin de passer à des actions de niveau plus systémiques par les états qui ont la responsabilité de la santé des populations;
S'assurer qu'aucun professionnel de santé n'est impliqué dans la pratique, mobiliser les réseaux de professionnels par des prises de position claires et fermes (OMS, SIDIIEF, etc...).
La coordination des acteurs de lutte contre les MGF (exemple du Comité Interafricain, d'Excision Parlons-en (EPE), de l’Alliance Globale Contre Les Mutilations Génitales Féminines etc...) permet de diffuser les bonnes pratiques, de mieux sensibiliser les opinions publiques et d'agir en prenant en compte l'ensemble des aspects liés à la question d'une manière pluridisciplinaire.
S'inspirer des pays (le Kenya par exemple) qui ont une volonté forte de voir disparaitre la pratique par des actions multisectorielles, que ce soit par la société civile ou par des politiques publiques volontaristes et structurantes.

Synthèse

Les études entreprises par l'OMS ont démontré la grave nocivité de la pratique de l'excision pour la santé sur de très nombreux aspects, son abandon total est requis, la médicalisation doit être fermement combattue par tous les professionnels. Les actions entreprises par les autorités concernées, la société civile et l'UNICEF montrent des progrès qui sont encore trop lents. Les échanges interdisciplinaires font progresser rapidement la prise de conscience et permettent d'identifier les actions les plus efficaces. Les échanges du forum HIFA-EVIPNET et les interviews de spécialistes montrent que les actions combinées des différents acteurs devraient produire des effets probants (plusieurs pays le démontrent déjà) sous condition d'une rapide montée en puissance de l'alphabétisation de masse dans tous les pays touchés.

Remerciements à tous les experts du sujet et à leurs équipes ainsi que pour la participation de notre forum sœur anglais qui a permis d’avoir également les expériences des pays anglophones sur ce sujet.

http://www.who.int/entity/evidence/forum/RDV_Mensuel_HIFA-EVIPNETMGF.pdf?ua=1

Il faut également souligner l’article du Lancet récemment publié sur le sujet et traduit en Français par Excisionparlonsen : Ceshia, A. (2015) MGF : la mutilation des filles et des jeunes femmes doit s’arrêter, Lancet, 385, (2)

http://www.excisionparlonsen.org/wp-content/uploads/2015/02/Article-Lancet_version-FR.pdf

Par Isabelle Wachsmuth
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