Malnutrition aiguë sévère
Près de 20 millions d'enfants touchés dans le monde
La malnutrition aiguë sévère touche près de 20 millions d’enfants dans le monde, provoquant la mort d’un million d’entre eux.
Si de grands progrès ont été réalisés ces dernières années grâce aux aliments thérapeutiques, qui permettent en particulier un traitement à domicile, on observe encore une mortalité comprise entre 10 % et 15 %
Une partie de ces décès est due à des surinfections bactériennes : en effet, en cas de dénutition, les défenses immunitaires des enfants sont effondrées, expliquant la fréquence des pneumopathies et des infections urinaires et ORL.
Classiquement, on ne prescrivait un traitement antibiotique que devant l’apparition de signes cliniques d’infection (fièvre, toux, etc.), mais ce traitement débutait trop tard !!
C’est pour cette raison qu’une vaste étude a été effectuée au Malawi. Elle a inclus plus de 2 700 enfants âgés de 6 mois à 5 ans et atteints de malnutrition aiguë sévère.
Ces enfants ont été séparés en 3 groupes recevant respectivement :
- Amoxicilline : 80 mg/kg/jour pendant 7 jours,
- Cefdinir 14 mg/kg /jour 7 pendant jours,
- Seulement les aliments thérapeutiques.
L’étude bien sûr fut effectuée en double aveugle.
Les taux de mortalité furent de 5 % dans le groupe Amoxicilline, de 4 % pour le cefdinir et de 7,5 % pour le groupe placebo, non différents entre les 2 antibiotiques et supérieur dans le groupe sans antibiotique.
Les taux de guérison furent respectivement de 89 %,91 % et 85 %.
L’avantage de l’amoxicilline est son faible coût : 2,67 dollars/enfant contre 7,85 pour le cefdinir.
Il est clair pour les auteurs est que le progrès est évident.
Pour nous, une seule crainte : voir émerger des germes de plus en plus résistants à l’Amoxicilline (colibacille par exemple).
Les auteurs souhaitent que de nouvelles études soient réalisées dans différents pays afin de conforter leurs résultats.
Par Philippe Reinert, pédiatre, Créteil
Ref. L.Trehan Antibiotics as Part of the Management of severe Acute Malnutrition NEJM 31 Janv 2013