Cancer du col de l'utérus
D'abord la vaccination
L'objectif est de prévenir le développement du cancer du col de l'utérus en vaccinant les filles deux à trois ans avant le début présumé d'une sexualité active et d'assurer un suivi en pratiquant des frottis cervico-vaginaux réguliers.
L'enjeu est de taille car le cancer du col de l'uterus est , par exemple, le cancer le plus fréquent de la femme en Afrique de l'Ouest [1].
Or, dans les PED, le prix élevé du vaccin (même si GAVI a pu négocier un baisse de prix dans certains pays), l'absence d'infrastructures permettant de faire les frottis rend souvent illusoire cette démarche. Il s'avère aussi que les sous-types viraux, leur association et l'histoire naturelle de la maladie diffèrerait notablement entre le Nord et le Sud [2]. Avant d'organiser de vastes campagnes de vaccination, il est donc impératif de préciser les sous-types viraux en circulation , d'adapter les vaccins aux besoins des pays concernés et d'évaluer l'efficacité des premières campagnes de vaccination.
Mais parallèlement à cette démarche préventive, il est aussi important d'organiser le dépistage du cancer du col de l'utérus en Afrique et le traitement des lésions précoces. Le diagnostic est trop souvent fait très tardivement. En attendant l'amélioration du dépistage cytologique, l'OMS organise des campagnes de dépistage par des méthodes visuelles (après application d'acide acétique et de solution de lugol) qui paraissent tout à fait prometteuse (sensibilité entre 79% et 97% et spécificité entre 87 et 96%)). Les lésions dépistées sont traitées par cryothérapie [3].
Le cancer du col de l'utérus est un vrai problème de santé publique en Afrique. La lutte contre cette maladie doit être efficace et énergique.
Mais une question se pose aux gouvernements : faut-il investir davantage dans la vaccination ou dans le dépistage ?
Comme le dit Claudio Politi, économiste de la santé à l’OMS: " Toute la difficulté du choix dans un contexte de ressources limitées réside dans le juste équilibre à trouver. Les stratégies d’investissement dépendent du prix du vaccin, de la durée de la protection vaccinale, de l’efficacité, du coût du dépistage et des ressources du pays, par exemple en termes de professionnels qualifiés et d’options thérapeutiques."
Par Christian Mongin
Références
- Jaquet A. Cancers du col de l’utérus et infection à VIH en Afrique de l’Ouest : Epidémiologie descriptive, déterminants et dépistage. Bordeaux 2 ; 2012. http://www.theses.fr/2012BOR21979).