Contre-indications des vaccinations

Par Par Philippe Reinert Pédiatre, Créteil, France.

Publié le

Les purifications des vaccins de plus en plus poussées, ainsi que leur plus faible concentration ont considérablement diminué les risques vaccinaux. Les contre-indications (CI) des vaccins sont donc maintenant bien codifiées et de plus en plus rares.

Avant d'aborder les contre-indications spécifiques pour chaque vaccin, quelques règles générales s'imposent. Trois situations contre-indiquent la vaccination :

  • Une réaction allergique importante survenue dans les suites de l'injection du vaccin que l'on doit administrer.
  • Une maladie infectieuse grave en pleine évolution, mais certainement pas un syndrome grippal banal ou une crise de paludisme et a fortiori une rhinopharyngite chez l'enfant.
  • L'existence d'un déficit immunitaire inné (affections exceptionnelles) ou acquis (c'est le cas fréquent de l'infection à VIH au stade avancé de SIDA) contre-indique les vaccins viraux vivants et le BCG. C'est aussi le cas des vaccins contre la rougeole, les oreillons, la rubéole, la fièvre jaune, la varicelle, et enfin le vaccin oral contre la poliomyélite (Sapin). En effet, si l'immunité du sujet est effon¬drée, le vaccin peut diffuser dans tout l'organisme et provoquer des complications parfois mortelles (encéphalites, paralysies, pneumonies, etc.).
    Pour l'infection à VIH, le problème est délicat : ne pas protéger un enfant contre la rougeole, la tuberculose ou la fièvre jaune dans une région où ces infections sont fréquentes est risqué. En pratique, on admet que le taux de CD4 est discriminant. Un taux supérieur à 200/mm3 autorise les vaccins vivants, ce qui est le cas de la majorité des notrrYissans de moins d'un an infectés par le VIH. Associations de vaccins il est possible, lors d'une même séance de vaccination, d'administrer, en d'autres sites, différents vaccins y compris des vaccins viraux vivants (rougeole et vaccin amarile par exemple). Il est par contre formellement contre-indiqué d'injecter un vaccin viral vivant dans le mois qui suit l’administrationd'un autre vaccin viral vivant. En pratique, cela ne concerne que les vaccins rougeole, fièvre jaune et polio oral (Sabin). En effet, le second vaccin injecté à moins d'un mois d'intervalle sera inefficace.

I. Contre-indications spécifiques

VACCINS BACTERIENS
Anatoxines
Tétanique Diphtérique Aucune CI Aucune CI
Vaccins bactériens inactivés
Vaccin coquelucheux Encéphalopathie évolutive, convulsivante ou non. L’épilepsie n’est pas une CI de même qu’un antécédent de convulsion chez le nourrisson. Forte réaction consécutive à une injection antérieure de vaccin coquelucheux : convulsion, fièvre supérieure à 40° C. état de choc survenu dans les 48 heures suivant l’injection.
Vaccins polyosidiques
Vaccin pneumococcique (Pneumo 23) Injection antérieure datant de moins de 3 ans
Vaccin pneumococcique conjugué Aucune CI
Vaccin méningococcique (A, C ou AC W135, Y) Injection antérieure datant de moins de 3 ans
Vaccin typhoïdique VI Injection antérieure datant de moins de 3 ans
Vaccin Haemophilus B Aucune CI
BCG Infection à VIH évoluée (CD4 < 200/mm3). Déficit immunitaire congénital ou acquis. Antécédent de Tuberculose, même limitée au stade de primo-infection.
VACCINS VIRAUX
Vaccins à virus vivants atténués
Vaccin poliomyélitique buccal (Sabin) Déficit immunitaire congénital ou acquis. Ce vaccin a provoqué des encéphalopathies mortelles en cas de déficit sévère en gammaglobulines (agammaglobulinémie). En cas de SIDA, les gammaglobulines sont perturbées mais jamais effondrées : il est cependant plus prudent d’utiliser le vaccin injectable (tué) sans danger. Grossesse.
Vaccin contre la rubéole Déficit immunitaire congénital ou acquis (SIDA). Grossesse.
Vaccin contre les oreillons Déficit immunitaire congénital ou acquis (SIDA).
Vaccin anti-amarile Déficit immunitaire congénital ou acquis (SIDA). Allergie vraie aux œufs. Cancer évolutif. Vaccination cholérique datant de moins de 3 semaines. Grossesse, sauf risque épidémique. Enfant de moins de 6 mois.
Vaccins à virus tués ou inactivés
Vaccin antipoliomyélitique injectable Vaccin antirabique Vaccin antigrippal Vaccin contre l'hépatite A Vaccin contre l'hépatite B Aucune CI Aucune CI Allergie vraie aux protéines d'oeuf Aucune CI Aucune CI

II. Pathologies ou situations contre-indiquant une vaccination

Maladies rénales chroniques Aucune CI. Maintenant, l’existence d’une protéinurie n’est plus une CI.
Cancers évolutifs Les vaccins viraux vivants sont CI. Les indications du BCG sont à discuter suivant chaque cas.
Cardiopathies congénitales Pas de CI.
Maladies allergiques Seules les réactions anaphylactiques à un vaccin lors d’une injection antérieure contre-indiquent les injections suivantes de ce même vaccin. A signaler que l’enfant asthmatique est plus exposé aux maladies infectieuses qu’un autre : l’asthme n’est donc en aucun cas une CI à la vaccination !!
Affection neurologique évolutive Seules les exceptionnelles encéphalopathies évolutives sont une CI à la vaccination anticoquelucheuse. Une hémiplégie, un antécédent de convulsion, une épilepsie, un retard mental ne sont pas des CI.
Dermatoses, eczéma Pas de CI.
Grossesse Les vaccins viraux vivants sont une CI de principe. Toutefois, une vaccination par ces vaccins en début de grossesse ne justifie pas de conseiller une interruption de grossesse. Vaccin anticoquelucheux.

Développement et Santé, n°195/196, 2009