Communication pour la vaccination

Par Philippe Jaillard Agence pour la Médecine Préventive (AMP), Ouagadougou, Burkina Faso

Publié le

Pour que le programme de vaccination atteigne ses objectifs, il est nécessaire de favoriser la participation conjointe de tous les acteurs et institutions et de créer un environnement favorable. La communication pour le développementt agit sur le changement de comportement des bénéficiaires directs de la vaccination, la mobilisation des groupes sociaux (associations, groupes religieux...), le plaidoyer adressé aux décideurs politiques et religieuxx et aux partenaires techniques et financiers.

I. Les stratégies de la communication pour le développement

1.Communication pour le changement de comportement

Elle cherche à résoudre les problèmes de connaissances, d'attitudes et de pratiques des groupes cibles en vue de changer ou de développer les comportements ayant un impact sur les objectifs du programme de vaccination.
Elle passe par un dialogue continu avec les populations de la zone qui permet :

  • d'évaluer leurs connaissances, attitudes, pratiques à l'égard des pathologies évitables par la vaccination et le programme de vaccination ;
  • de leur fournir une information adaptée sur les moyens de prévention des maladies et de résolution de problèmes ciblés par la communauté et le programme.

Elle s'adresse aux différents individus et groupes de la société afin d'augmenter la demande des services et de renforcer les aptitudes des uns et des autres à faire des choix éclairés destinés à conserver leur santé.

2. Mobilisation sociale

Elle consiste à susciter la participation effective des acteurs - leaders communautaires, enseignants, personnel de santé, associations - en vue d'agir sur l'environnement social immédiat et ainsi d'accroître et de renforcer les activités conçues pour atteindre les objectifs du programme.
La mobilisation sociale ou la communication pour le changement social vise à regrouper des partenaires pour mettre en place des alliances intersectoriellès et une action collective afin de modifier les normes sociales et de favoriser l'appropriation de la vaccination par la population.

3. Plaidoyer

Ce processus de communication vise à solliciter et à obtenir l'adhésion des dirigeants politiques et sociaux, des décideurs et des personnalités influentes dans la zone. Le plaidoyer s'adresse aux responsables politiques, responsables des administrations décentralisées, chefs religieux, décideurs traditionnels et communautaires, et vise à

  • identifier et mobiliser les ressources humaines, matérielles et financières,
  • obtenir l'engagement politique et social pour changer les priorités, les lois, les politiques, l'allocation de ressources en faveur du programme de vaccination.

II. Les méthodes de communication pour développement

Pour adapter les services de vaccination aux besoins de la population, susciter la demande de services de vaccination et mobiliser les ressources locales pour la mise en ouvre du programme, l'équipe de santé doit régulièrement créer les occa¬sions d'entrer en contact avec chacune des cibles de la communication.

1. Les parents

L'un des meilleurs moyens de connaître le niveau de connaissances, les attitudes et pratiques des parents vis-à-vis de la vaccination est de conduire des discussions structurées avec des groupes ciblés (ou focus groupes). Ceux-ci, limités à 10 personnes, devront être représentatifs des communautés présentes dans la zone, en s'assurant d'inclure les populations qui n'utilisent pas régulièrement les services de santé.
Les entretiens devront permettre d'identifier les obstacles à la fréquentation des services de vaccination et les suggestions pour les contourner. Ils conduiront à l'élaboration d'un plan d'action et de messages pour la promotion de la vaccination.
La communication interpersonnelle sera effectuée lors de la prestation des services de vaccination afin de rappeler l'intérêt de la vaccination, d'indiquer les éventuels effets secondaires et de fixer un rendez-vous avec la mère pour compléter le calendrier vaccinal.

2. Les enseignants, associations agents de santé communautaires, prestataires de soins du secteur privé

Les entretiens avec ces groupes viseront à susciter leur implication dans la réalisation des activités de vaccination et la promotion du programme. Ils contribueront au diagnostic de situation concernant la vaccination, permettront de recueillir les suggestions pour l'amélioration des prestations et d'identifier les moyens par lesquels ces groupes peuvent soutenir les activités de vaccination.
L'implication de ces groupes pourra être déterminante pour la réalisation d'activités supplémentaires de vaccination comme les campagnes de masse réactives ou préventives. Ils pourront être sollicités pour aider à mobiliser la population et pour participer aux activités en tant que volontaires.

3. Les leaders politiques, communautaires et religieux

Ces groupes ou individus pourront informer l'équipe du centre de santé sur les coutumes et croyances pouvant s'opposer à la vaccination et les obstacles limitant l'accès aux services de vaccination. Ils indiqueront les populations particulièrement réticentes ou vulnérables ainsi que les données concernant le nombre et la localisation des personnes ciblées par la vaccination. Ces entretiens permettront de recueillir auprès des décideurs les informations sur les meilleurs moyens d'obtenir l'adhésion des populations à la vaccination, notamment en orientant le choix des stratégies et les calendriers des séances de vaccination. Enfin, les entretiens et la communication écrite serviront de moyens aux agents du système de santé pour orienter les décideurs afin de définir les réglementations en faveur de la vaccination.

Développement et Santé, n°195/196, 2009