Vaccins chez le drépanocytaire

Par Philippe Reinert, pédiatre, Créteil, France

Publié le

Plus que chez l’enfant sain, les vaccins ont une importance capitale chez le drépanocytaire. En effet, les infections, en particulier à pneumocoque, sont une des causes majeures de complications graves (pneumonies, méningites), surtout pendant les premières années de la vie. On sait que l’association antibiotiques (pénicillines) + vaccin pneumococcique a transformé la vie du drépanocytaire. On doit donc faire de ces deux traitements une priorité.

Vaccins pneumococciques

Vaccin polysaccharidique conjugué : PREVENAR*

Il constitue une véritable révolution dans la prévention des infections à pneumocoque chez le drépanocytaire. Il contient les 13 sérotypes les plus dangereux. Par rapport au premier vaccin (Pneumo 23), il présente 4 avantages importants :

  • Il protège dès les premières semaines de la vie.
  • Le taux des anticorps protecteurs induits est plus élevé.
  • Il fait pratiquement disparaître le portage pharyngé du pneumocoque, ce qui protège indirectement l’entourage.
  • Enfin, après avoir reçu 3 doses avant l’âge de un an, la protection induite dure plusieurs années, en particulier si l’on administre une injection de Pneumo 23 à la fin de la 2ème année.

En résumé, les recommandations sont : 3 doses, à 2 mois, 4 mois et 9 mois, complétées par une injection de Pneumo 23 à 24 mois.

Vaccin polysaccharidique PNEUMO 23*

Il contient 23 des sérotypes les plus dangereux pour l’homme. Malheureusement, il ne protège qu’après l’âge de 2 ans et il est nécessaire de le répéter tous les 3 ou 5 ans. Enfin, il ne fait pas disparaître le portage pharyngé du pneumocoque qui est source de contamination de l’entourage De plus, des études récentes ont démontré que son efficacité diminue au fur et à mesure des injections (hyporéactivité du vaccin polysaccharidique répété). Il a en revanche le mérite de renforcer l’action du Prevenar, après 3 doses de celui-ci.

Autres vaccins à prioriser

Le drépanocytaire est plus exposé aux méningocoques, à l'Haemophilus B et au virus de l’hépatite B.

Vaccins méningococciques

Pour les vaccins méningococciques, les recommandations varient suivant les pays.
Dans les pays où surviennent des épidémies de méningites à méningocoque A et maintenant W et Y, le minimum est un vaccin contre le méningocoque A (MENAfriVac*). L’idéal est un vaccin contre les sérotypes ACWY, mais il est cher (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Gambie, Ghana, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, RCA, RDC, Sénégal, Soudan, Tchad, Togo.

Vaccin contre l'Haemophilus B :

Il est intégré dans les programmes nationaux de vaccination.

Vaccin contre l’hépatite B

La vaccination contre l’hépatite B, recommandée pour tous dès la naissance, l’est plus particulièrement pour le drépanocytaire, exposé à d’éventuelles transfusions.

Schéma vaccinal OMS

Bien entendu, l’enfant doit bénéficier des vaccins recommandés par les instances du pays (Programmes nationaux de vaccination : 11 maladies ciblées en 2012).

Vaccins discutés

Les études effectuées en Europe et aux USA chez les drépanocytaires ont abouti à la recommandation de la vaccination antigrippale de 6 mois à 18 ans, ainsi que la vaccination contre le méningocoque B (Bexsero) à 2, 3, 4 et 12/13 mois : ce sérotype est présent en Afrique…

En pratique

A la naissance :

  • BCG
  • Hépatite B

Première année :

  • DT Coq
  • Haemophilus (3 doses avant un an)
  • Hépatite B (3 doses avant un an)
  • PREVENAR* (2, 4 ,9 mois),
  • Rougeole : 2 doses après un an (dans certains pays : première dose de vaccin rougeole à 9 mois)

Après un an :

  • Méningocoque : après un an suivant le pays
  • Pneumo 23 après 3 PREVENAR*, à 24 mois.

Après deux ans

Un intervalle d’au moins 8 semaines entre le dernier Prevenar et le Pneumo 23 est nécessaire.