Vacciner autour de la naissance

Par Par Philippe Reinert Pédiatre, hôpital intercommunal, Créteil, France.

Publié le

La période néonatale et les premières semaines de vie sont à haut risque d'infections bactériennes et virales souvent mortelles. La raison en est l'immaturité immunologique du nouveau-né, portant surtout sur les anticorps et peu sur l'immunité cellulaire médiée par les lymphocytes T.

Pour y remédier, trois moyens sont effectifs

  • Les anticorps transplacentaires provenant de la mère leur transfert se produit surtout pendant les dernières semaines de la grossesse, ce qui explique la grande fragilité des prématurés. En pratique, il est capital d'immuniser la mère contre certaines infections pour protéger le nouveau-né. C'est le cas entre autres du tétanos, de l'hépatite B et de la rubéole.
  • Le lait maternel : il contient des anticorps protecteurs contre de nombreuses infections intestinales, mais aussi respiratoires (voir article spécifique).
  • La vaccination du nouveau-né. En effet, malgré cette immaturité immunologique, le nouveau-né est capable de s'immuniser contre la tuberculose, en effectuant le BCG, et contre l'hépatite B, comme s'il venait d'être contaminé par une mère HBS+.

Cette prévention vaccinale commence donc chez la mère

  • Avant la grossesse par les vaccinations contre le tétanos, l'hépatite B, la rubéole et la coqueluche.
  • Pendant la grossesse, les deux préoccupations majeures seront le tétanos et l'hépatite B.

Le tétanos néonatal, à porte d'entrée presque toujours ombilicale, est encore d'actualité : mortel dans 90 % des cas, l'OMS lui attribuait en 2005 près de 60 000 décès annuels. Il est donc impératif de vérifier les antécédents vaccinaux de la future mère. Dans le doute, il faut administrer deux doses de vaccin antitétanique à 1 à 2 mois d'intervalle, ce qui permet une protection de près de 100% contre le tétanos néonatal.

Pour l'hépatite B, fléau qui touche 2 milliards de personnes sur terre, et en particulier en Afrique où 8% de la population est porteuse chronique du virus, il est indispensable de savoir si la femme en est porteuse en effectuant une sérologie systématique. En effet, dans ce cas, le risque que le nouveau-né soit contaminé est proche de 90%, avec un risque élevé d'évolution sévère.

En pratique

Chez la femme

S'assurer que les vaccinations contre la rubéole, le tétanos, la diphtérie, la poliomyélite, la coqueluche et l'hépatite B ont bien été faites.

Chez le nouveau-né

Deux vaccins s'imposent le BCG et la vaccination contre l'hépatite B.

BCG intradermique

Il ne protège à 80% que contre les formes aiguës de tuberculose (méningite et miliaire), qui surviennent surtout chez le nourrisson. C'est la raison pour laquelle le BCG doit être effectué le plus toi: possible. L'infection maternelle n'est pas une contre-indication.

Vaccin contre l’hépatiteB

En l'absence de sérovaccination, le risque de transmission de l'hépatite B (VHB) de la mère à l'enfant est élevé, de l'ordre de 90%, avec évolution vers une hépatite chronique et ses complications (cancer primitif du foie et cirrhose).
Chez le nouveau-né infecté à la naissance, le passage à la chronicité du VHB est de l'ordre de 80 % et peut atteindre 90 %.

Il est possible de prévenir la transmission du VHB de la mère à l'enfant grâce au dépistage sérologique de l'antigène HBS pendant la grossesse, et à la sérovaccination du nouveau-né dont la mère est infectée. L'efficacité de la vaccination est proche de 90 %. En fait, il est souhaitable de vacciner tous les nouveau-nés contre le VHB.

Développement et Santé, n° 197/198, 2010