Préparation de la salle de soins

Par Véronique Bouttin* * Infirmière, Médecins Sans Frontières Belgique, Mission Tchad, BP 159, N'Djamena, Tchad.

Publié le

Nous commençons la publication d'une série d'articles portant sur des aspects pratiques des soins infirmiers et rédigés sur la base d'une expérience de formation de personnels paramédicaux à l'ouest du Tchad. Y sont exposés les principes techniques qui doivent permettre de réaliser, dans de meilleures conditions, pour le malade comme pour le soignant, des gestes simples qui évitent des complications et parfois même sauvent des vies.

I. La salle de pansement

  • Une salle, dans le dispensaire ou le centre médical, si possible réservée à cet effet.

  • Les murs doivent être lavables: peinture à l'huile.

  • L'éclairage est important pour suivre l'évolution des plaies, le meilleur est l'éclairage naturel: vitres aux fenêtres, à condition qu'elles soient peintes ou opaques jusqu'à un mètre quatre-vingts de hauteur (isolement de l'extérieur).

  • Un rideau à la porte d'entrée doit permettre de respecter la pudeur des patients.

  • L'adduction d'eau et l'évacuation sont essentielles. S'il n'existe pas de château d'eau, un fût de cent litres peut être posé au bord de l'évier. Ce fût doit être en plastique pour ne pas avoir de problèmes de rouille. Il doit être muni d'un robinet distant d'au moins vingt mètres de la paroi du fût.

  • L'évacuation de l'eau se fera sur le tout à l'égout. S'il n'existe pas, faire construire un puisard et y adapter un tuyau d'évacuation.

  • La paillasse est recouverte de carrelage.

  • La salle est isolée des vecteurs par des moustiquaires aux portes et aux fenêtres.

  • Un filtre à eau permet d'avoir de l'eau filtrée pour la préparation des antiseptiques.

1. Nettoyage

Voir tableau ci-dessous.

2. Évacuation des déchets

Elle se fait au minimum tous les jours avant la descente (et plusieurs fois dans la matinée si la poubelle est pleine). La poubelle est vidée dans la fosse à déchets. Faire brûler tous les jours.

La fosse à déchets est construite à proximité de la structure sanitaire à une distance d'au minimum vingt mètres d'une source d'eau. C'est un trou profond (exemple: 4 x 4 x 4) dont les murs peuvent être consolidés par des parpaings si le sol est sablonneux. La fosse est recouverte d'une grille métallique constituée de fers à béton soudés entre eux, formant un grillage dont les trous ont environ vingt centimètres de côté. Cette grille est fixée au ciment au-dessus de la fosse; elle empêche les animaux de tomber dans la fosse ainsi que la récupération des aiguilles et des seringues. Les déchets sont vidés sur la grille, les plus petits objets tombent au fond, le feu est mis aux déchets restant sur la grille.

II. Le mobilier

Il doit être réduit au strict minimum, l'encombrement ne facilitant pas le nettoyage à fond.

Il comprend:

  • une armoire fermée à clef destinée au stockage du petit matériel et du matériel renouvelable,

  • une table d'examen avec coussin recouverte d'une alèse en plastique, solide et amovible,

  • une chaise pour les soins où le patient peut être assis,

  • une chaise ou un banc pour l'opérateur,

  • une table roulante à deux étages: l'étage supérieur pour le matériel stérile et les antiseptiques, l'étage inférieur pour le matériel souillé. Cette table roulante pourra éventuellement servir pour les pansements au lit du malade. Cependant, pour des raisons d'asepsie, cette solution est à déconseiller et doit être réservée aux pansements des malades qui ne peuvent pas se lever,

  • une poubelle avec couvercle, si possible et dont l'ouverture est actionnée avec le pied,

  • un escabeau permettant le remplissage du fût d'eau.

Tout le mobilier doit être métallique et donc facilement lavable. Il est posé sur des briques cuites ou du ciment pour empêcher la rouille.

Le matériel de nettoyage comprend :

  • un seau en métal (plus solide que le plastique) pour le transport de l'eau,

  • un balai, une serpillière, une éponge,

  • un porte-savon percé pour que la boule de savon réservée au lavage des mains ne reste pas dans l'eau (source de contamination) entre deux utilisations,

  • une brosse à ongle pour le brossage des instruments,

  • du produit détergent type Omo,...

Les essuie-mains ne sont pas recommandés à cause des risques de contamination.

III.Les instruments

La quantité d'instruments nécessaire dépend de la charge de travail moyenne. Il faut au minimum une pince de Kocher et une pince anatomique sans griffe par pansement.

De plus, il faut par salle :

  • une pince intermédiaire dans son bocal pour servir les compresses stériles,

  • deux tambours à compresses avec éclipses (pour stérilisation à l'autoclave),

  • trois plateaux,

  • trois haricots,

  • une pissette par antiseptique,

  • une boîte à coton sans volet,

  • une paire de ciseaux à pansement,

  • un tambour pour champs troués et non troués,

  • un réchaud à pétrole et son support, - une casserole à pression de vingt litres avec contrôle de pression.

  • Boîte de petite chirurgie:

  • un porte-aiguille,
  • un manche de bistouri,
  • deux pinces Kocher,
  • une pince à disséquer avec griffes,
  • un stylet,
  • une paire de ciseaux anatomiques,
  • deux mosquitos (pinces hémostatiques),
  • une sonde cannelée.
  • Nettoyage des instruments:

Une série d'instruments ne sert que pour un seul pansement.

  • brossage à l'eau + Omo,

  • rinçage abondant,

  • dernier rinçage à l'eau filtrée,

  • sécher les instruments correctement avant stérilisation pour éviter la rouille.

  • Stérilisation des instruments:

Elle se fait par autoclave:

  • instruments: trente minutes à 1 bar, boîte ouverte,

  • compresses: quarante minutes à 1 bar, éclipses ouvertes.

En cas d'insuffisance de matériel stérile, il est possible de le désinfecter en le laissant tremper quinze minutes dans de l'iode ( bétadine diluée 2,5 %) ou une solution de chloramine T.

Il est illusoire de penser qu'un trempage dans le savon assure une stérilisation du matériel. Le savon ne détruit ni le virus HIV, ni le virus HIB ; cette méthode est à proscrire formellement.

On réservera le matériel stérile pour les sutures et les pansements des brûlures.

Développement et Santé, n°112, août 1994