Mortalité materno-fœtale et périnatale : pourquoi si peu d’amélioration ?
Incontestablement, depuis une dizaine d'années, la mortalité infantile chez les moins de 5 ans diminue dans l'ensemble des pays. Ainsi, dans la période 2000-2003, l'OMS recensait 10,6 millions de morts par an alors que, par les mêmes méthodes d'évaluation, on n'en relevait en 2008 que 8,795 millions.
Paradoxalement, la mortalité périnatale passait de 37 % à 41 %o. Les causes de décès sont la prématurité, les détresses respiratoires, les septicémies et les pneumonies.
Chez les enfants de plus d'un mois, l'amélioration de l'hygiène, la prévention du paludisme, les vaccinations (le PEV a réduit la mortalité infantile, qui a à nouveau augmenté avec l'arrivée du VIH), une meilleure nutrition et enfin l'antibiothérapie expliquent ces relatifs bons résultats.
Mais que dire de la mortalité maternelle. Sur les quelque 529 000 décès maternels observés en 2000, 95 % sont survenus en Afrique et en Asie, contre seulement 4 % en Amérique latine et 2 pour 500 dans les pays développés. En d'autres termes, la mortalité maternelle est de 1/13 en Afrique contre 1/4 100 dans les pays "du Nord". Les séquelles s'ajoutent aux décès : pour une femme perdant la vie après la naissance d'un enfant, 30 vont, en raison de blessures, d'infections ou d'autres lésions, souffrir toute leur vie de séquelles aussi douloureuses physiquement que moralement. Cela représente 15 millions de nouveaux cas par an.
Grâce à des programmes de santé maternelle ayant donné de bons résultats, en particulier en Amérique du Sud, nous savons que ces souffrances pourraient été évitées si toutes les femmes étaient assistées par un agent de santé qualifié pendant leur grossesse et leur accouchement, et si elles avaient accès aux soins d'urgence en cas de complications. Actuellement, seules 10 à 20 % des femmes ont au moins une consultation prénatale (CPN) en Afrique. C "est donc là que se situe la priorité.
Réduire la mortalité maternelle revêt une importance capitale pour la survie et le développement des enfants et des adolescents.
En Afrique du Nord, la sensibilisation des femmes au planning familial et l'augmentation des centres de planning ont permis un espacement des naissances et ont, de ce fait, entraîné une franche amélioration tant pour les jeunes mères que pour les nouveau-nés.
Si l'on revient à la mortalité au cours du premier mois, il ressort que la prématurité et ses complications viennent largement en tête : les causes de la prématurité sont multiples et leur prévention sera abordée dans plusieurs articles. Viennent ensuite la détresse respiratoire, le plus souvent due à une mauvaise technique de désencombrement en salle de travail, puis les infections avec ou sans pneumonie dont l'origine est soit maternelle, soit un défaut d'hygiène autour de l'accouchement. Les diarrhées et les malformations congénitales sont inférieures à 2%. On est tristement surpris de voir que le tétanos néonatal, si facile à prévenir, est encore responsable de 1% des décès.
Malheureusement il faut maintenant ajouter le VIH.
Développement et Santé, n°197/198/2010