Quelle lutte contre la Covid-19 ?

Par Jean-Loup Rey, médecin, santé publique

Publié le

Il n'existe pas actuellement de traitement efficace connu contre le SARS-CoV-2. Du fait de la contagiosité et de l'existence de formes graves, les mesures de prévention sont essentielles et les seules pouvant limiter la propagation de l'épidémie.

Prévention

Une seule méthode a été évaluée et/ou modélisée, c’est la distanciation. C'est-à-dire qu'il faut diminuer le nombre de contacts inter personnels. En dessous de 5 contacts physiques par jour, on diminue la transmission.

A partir de ce constat, il est possible :

  • soit de dépister les cas contagieux et les isoler, avec recherche, test et mise en quarantaine des cas contacts
  • soit de confiner tout le monde.

Le dépistage

Pour dépister, il faut disposer d’un examen biologique qui affirme que le sujet est porteur du virus dans son organisme. La disponibilité d’un test PCR mettant en évidence la présence de virus (détection du génome) a permis de réaliser ce dépistage.

L'isolement

L’isolement des sujets contaminants est soit contraint (avec des problèmes de liberté individuelle), soit volontaire (avec le risque d’une mauvaise application).
Le confinement généralisé a été choisi par la majorité des pays ; en permettant une bonne distanciation, il a donné de plus ou moins bons résultats. Mais il a des répercussions sanitaires, sociales et économiques qui font craindre que le remède ne soit pire que le mal (prise en charge insuffisante des autres affections, famines, problèmes psychologiques).
Par ailleurs, cette stratégie ne permet pas, ou mal, d’obtenir une immunité collective suffisante pour stopper l’épidémie. La dynamique des épidémies de maladie infectieuse se fait presque toujours selon une courbe en cloche (dans le cas de la Covid-19, la courbe épidémique paraît plus étalée, avec une phase descendante plus lente), et l’immunité de groupe participe à la phase descendante des cas.

Au plan communautaire
Il est possible d’envisager la fermeture des frontières mais cette mesure ne peut être efficace que dans le cadre des îles. Le virus étant transporté par les humains, il n’existe aucune frontière terrestre qui soit totalement imperméable.

La fermeture des frontières terrestres a provoqué la fin des approvisionnements pour de nombreux produits de première nécessité sans empêcher certains de passer à pied ou en deux roues ; c’est une mauvaise solution, sauf pour les îles.
En Afrique, le confinement est non seulement impossible mais contre-productif : il entraîne sous-alimentation, misère et violences plus graves que la Covid. La majorité des sujets travaille au jour le jour, et rester chez soi signifie : pas d’argent et pas de nourriture pour la famille.

Les mesures essentielles

La distanciation
Dans la vie de tous les jours, il est possible de créer une distanciation même dans les lieux publics. Il faut : ne plus s’embrasser, ne plus se serrer la main, maintenir une distance d’au moins un mètre entre les personnes. Cela ne demande pas de moyens supplémentaires mais des changements de comportement, difficiles au début, mais il est possible de trouver d’autres modes pour manifester son affection. Ce sont les gestes préventifs ou protecteurs auxquels il faut ajouter les gestes suivants : éternuer dans son coude, (qui peut alors contenir du virus, donc éviter le « elbow bump »), ne pas cracher ou se moucher par terre, utiliser des mouchoirs en papier à jeter et à usage unique.

Le lavage des mains
Il faut se laver les mains le plus souvent possible et toujours avant de manger et après être allé aux toilettes. On se lave les mains si possible et de préférence soit avec de l’eau et du savon, sinon avec un gel hydro-alcoolique (vérifier que ce gel contient au moins 60 % d’alcool).

Pour rappel, le savon ne tue pas les virus et microbes, il facilite l’élimination des ces agents pathologiques lors du frottage des mains sous l’eau, il faut donc se frotter vigoureusement et longuement (au minimum 20-30 secondes) les mains sous l’eau pour être efficace.

Le port de masques
Reste le port de masques, pour lequel il a été dit beaucoup de choses, avec la difficulté de passer des données de laboratoire à la vie quotidienne. Les seuls masques qui peuvent arrêter les virus sont les FFP3 (pas même les FFP2), très chers, il est illusoire d’en envisager l’utilisation massive par le public.

Les masques chirurgicaux ou alternatifs en tissu, s’ils n’arrêtent pas les virus directement, arrêtent très bien les gouttelettes émises lorsque l’on parle, éternue ou tousse. Le port de masques par un grand nombre de personnes permet d’une part de protéger les autres, d’autre part de diminuer le nombre de virus qui circulent.
Quand on examine les courbes épidémiques des différents pays et quelles que soient les stratégies qui y sont préconisées, ceux où le port de masques est généralisé dans les lieux publics, en dehors de toute épidémie, ont vu des dynamiques moins agressives de l’épidémie de Covid, par exemple le Japon, Taïwan, la Corée et même la Chine.

Respecter les indications des autorités sanitaires

Stimuler son immunité
Une vie saine stimule l’immunité de base de chacun il faut pratiquer tous les jours un moment d’activité physique (marche, sports, travail aux champs ou à la maison) ; il faut avoir une alimentation équilibrée avec le moins de toxiques possible (alcools, tabac). Attention à l’obésité qui est un facteur aggravant majeur du Covid !
Les patients atteints d’une maladie chronique non transmissible (diabète, HTA, insuffisance cardiovasculaire) doivent être très attentif au maintien d'un bon équilibre de l’affection. S’il s’agit d’une autre infection, il faut la traiter rapidement.
Il faut poursuivre le programme de vaccinations des enfants surtout et des adultes.

La prise en charge
Les facteurs favorisants d’une manifestation grave du Covid, qui concerne 15% des personnes contaminées, sont l’âge avancé et les comorbidités citées plus haut.

Retard au diagnostic des formes graves
Environ 85 % des personnes contaminées feront une affection bénigne, l’important est de prendre en charge rapidement les autres. Les signes majeurs de gravité sont la gêne respiratoire : dès que le sujet a de la peine à respirer, s'il est obligé de reprendre son souffle au cours de la discussion ou de ses déplacements, il doit consulter rapidement.
Dans notre contexte, le diagnostic sera essentiellement clinique. Une étude européenne * portant sur 1 430 patients présentant tous une forme non sévère de l’infection, confirmée par test PCR, a permis d'établir un tableau des signes cliniques les plus fréquemment retrouvés au cours de l’infection.
Les céphalées étaient le symptôme le plus souvent rapporté (70,3 %), suivies d'une perte de l'odorat (70,2 %), d'une obstruction nasale (67,8 %), d'une toux (63,2 %), d'une asthénie (63,3 %), de myalgies (62,5 %), de rhinorrhée (60,1 %), d'une dysfonction gustative (54,2 %), de maux de gorge (52,9 %). La fièvre, quant à elle, était signalée par 45,4% des patients. Les auteurs font remarquer que les signes varient selon le genre et qu’ils diffèrent des signes recensés dans les études chinoises.

Référence
Clinical and Epidemiological Characteristics of 1,420 European Patients with mild-to-moderate Coronavirus Disease 2019.