Les cellules hématimètres

Par Françoise Balédent*

Publié le

*Biologiste, hôpital de Saint-Denis, France.

Les numérations globulaires de différents liquides biologiques (sang, urines, liquide céphalorachidien) sont possibles, en dehors de tout automate, grâce à l'utilisation de " cellules " de verres calibrées appelées hématimètres. Les prélèvements de sang peuvent être étudiés selon les habitudes de chacun en utilisant les cellules de Malassez, Thoma ou Neubauer. Pour les urines, on utilisera plutôt une cellule de Lemaur, pour les LCR, plutôt une cellule de Nageotte. Les prélèvements riches en cellules (dont le sang) doivent être comptés après dilution. Cette dilution est variable, et ce facteur ne doit pas être omis dans le calcul des résultats finaux. La liste présentée ici n'est pas exhaustive mais regroupe les cellules hématimètres les plus utilisées. Description des cellules hématimètres Les cellules peuvent être simples ou doubles, ce qui permet alors de compter deux échantillons (voir tableau n° 1). Montage des cellules Humecter les berges de la cellule avec un peu de salive. Faire glisser la lamelle rodée sur ces berges en assurant son adhérence par pression des deux pouces. Homogénéiser le prélèvement (unopette ou pipette). Rejeter les premières gouttes. Amener l'extrémité de la pipette ou de l'unopette inclinée au niveau de l'espace situé entre la plate-forme et la lamelle planée : l'hématimètre se remplit immédiatement par capillarité. Il ne doit pas exister de bulle d'air. Poser la cellule dans une chambre humide (boîte contenant de la mousse ou du tissu humidifié). Laisser sédimenter horizontalement pendant 10 minutes sur un plan bien horizontal, puis compter les éléments. Avant de compter, il est nécessaire de vérifier l'homogénéité de répartition des éléments. Au moindre doute, le prélèvement sera agité et monté sur une nouvelle cellule hématimètre. Mode de comptage Après repérage des limites de la cellule à l'objectif 10, les éléments sont comptés au microscope à l'objectif 40. Selon les cellules utilisées et selon les éléments comptés, on sera amené à compter un carré, une bande, voire la cellule entière. Pour les éléments situés entre deux carrés ou bandes, on ne compte que ceux qui sont à cheval sur deux lisières, en général celle du haut et celle de droite (figure n° 1). Utilisation des cellules selon le prélèvement Prélèvement sanguin On utilise le plus souvent une cellule de Malassez ou une cellule de Thoma (sauf pour les leucocytes). On peut également utiliser les cellules de Neubauer ou de Bürker (tableau n° 1). Pour la numération des hématies, on effectue une dilution au 1/200 dans du liquide de Marcano. Pour la numération des leucocytes et des plaquettes, on utilise une dilution au 1/20 dans du liquide de Lazarus ou de Türck (tableau n°2). Cellule de Malassez (figure n° 2) La cellule complète mesure 1 mm3. Elle comporte 5 bandes horizontales de 5 lignes chacune et 5 bandes verticales de 6 lignes chacune (figure n° 3). Numération des hématies On compte les hématies dans les quatre rectangles composés de 20 petits carrés situés aux quatre coins du quadrillage (= N) et on fait la moyenne des 4 valeurs trouvées : m = N/4 (figure n° 4). 1 rectangle = 1/100 mm3 --> le résultat final est donc : m x 100 x 200 (dilution) = m x 20 000 hématies/mm3 ou = N x 5 000 hématies/mm3 Numération des leucocytes On compte les leucocytes dans 5 bandes horizontales (= N) ; 1 bande horizontale =1/10 mm3. On compte 5 bandes = 1/2 mm3. Il y a donc N x 2 leucocytes/mm3 de sang dilué au 1/20. --> Le résultat final est donc : N x 2 x 20 = N x 40 leucocytes/mm3. Numération des plaquettes On compte les plaquettes sur 2 bandes --> Résultat final : si le prélèvement est effectué à la pipette de Potain = N x 5 x dilution si le prélèvement est effectué en unopette (dilution au 1/100) = N x 500 plaquettes par mm3 (N x 5 x 100) Cellule de Thoma La cellule hématimètre de Thoma est formée de 16 grands carrés, composés chacun de 16 petits carrés (figure n° 5). Numération des hématies (figure n° 6) On compte les hématies dans 5 carrés. Un grand carré contient 4/1 000 mm3 (ou 1/250 mm3). On compte donc N dans 5/250e mm3 (ou 1/50). En tenant compte de la dilution (1/200), le résultat final = N x 10 000 hématies par mm3 de sang (N x 50 x 200). La cellule de Thoma est déconseillée pour la numération des leucocytes du fait de sa faible profondeur. Cellule de Neubauer (figures n° 7et 8) Numération des hématies On compte les hématies dans 4 bandes (= N). On fait la moyenne (m = N/4). Chaque bande = 1/200 mm3. Si le taux de dilution est 1/200, le nombre d'hématies par mm3 est = m x 200 x 200. Soit m x 40 000 ou N x 160 000. Numération des Leucocytes On compte les leucocytes dans 2 grands carrés, en diagonale (= N) et on calcule la moyenne (= m). Chaque carré est égal à 1/10 mm3. Le nombre de leucocytes par mm3 est égal à m x 10 x 20 (dilution). Cytologie du LCR Les LCR troubles peuvent être comptés en cellules de Malassez. Pour les LCR clairs, on utilisera de préférence une cellule de Nageotte ou de Fuchs Rosenthal). À défaut, on peut utiliser une cellule de Neubauer ou une cellule de Lemaur. Cellule de Nageotte (figures n° 9 et 10) On compte les éléments contenus dans 8 bandes (= N). Chaque bande contient 1,25 mm3. On compte donc N pour 10 mm3. Au total, le nombre d'éléments par mm3 Cellule de Lemaur On compte 10 bandes (= N). Chaque bande contient 1 mm3. Le résultat final du nombre d'éléments par mm3 est donc = N/10. Cytologie des urines On utilise plus facilement la cellule de Lemaur en comptant 1 bande = 1 mm3 mais les urines peuvent éventuellement être comptées en cellules de Malassez. Autres prélèvements Pour tous les autres liquides biologiques (ascite, liquide pleural ... ), on peut utiliser la cellule de Malassez. Sauf si le prélèvement est riche en éléments, il faut compter au moins une bande, voire la totalité de la cellule. Les prélèvements doivent être comptés rapidement et bien homogénéisés. On peut être amené à diluer le prélèvement lorsque le chiffre des éléments est très élevé. Conclusion Les cellules hématimètres permettent d'obtenir facilement une numération cellulaire de différents liquides biologiques. Différentes cellules sont utilisables selon la richesse prévisible du prélèvement en éléments et selon les habitudes de chacun. La préparation de l'échantillon à compter est primordiale, que le prélèvement soit dilué ou non. Des erreurs sont possibles au moment du calcul final, aussi faut-il être vigilant, et ne pas oublier le facteur de dilution.

Développement et Santé, n°148, août 2000