Les accidents domestiques chez l'enfant

Par Martine Camacho

Publié le

Phénomène dont la visibilité et la prévention commencent à prendre corps en Occident, les accidents domestiques touchant les enfants sont encore très peu étudiés, recensés et prévenus sur le continent africain. Se passant clans la sphère domestique et familiale, ils échappent sou­vent aux statistiques, sauf lorsque leur gravité nécessite un recours aux urgences hospitalières. Même dans ce cas, l'épidémiologie est loin d'être totalement documentée et la prévention est inexistante. Si des campagnes sont régulièrement menées pour la prévention des maladies de l'enfance et de l'adolescence, ce n'est pas le cas pour les accidents domestiques qui ne font l'objet d'aucune action particulière de sensibilisation des parents.

I. Pourtant, les accidents domestiques ne sont jamais accidentels

Ils ne sont pas dus au hasard. Ils résultent de la négligence des adultes et de leur manque d'infor­ination sur les comportements à risques. Le foyer familial est supposé offrir la sécurité d'un cocon dans lequel l'enfant peut s'épanouir loin des dan­gers de la rue, et de la vie en général. La protection que les parents et le milieu familial sont censés garantir aux enfants est prise en défaut là où on l'at­tend le moins, c'est-à-dire clans la maison et la cour.

La prévention des accidents domestiques dépend des notions que la population a du danger et qui diffèrent selon les cultures. En Afrique, les dangers sont la sorcellerie, les ancêtres, les esprits, la trans­gression d'un interdit. Protéger son enfant, c'est respecter les ancêtres, obéir à son mari, supporter sa co-épouse... Le danger vient de l'extérieur, et il n'y a donc pas de vigilance à l'égard de ce qui se passe dans le foyer même. Les notions de range­ment et de propreté sont perçues de façon diffé­rente : un objet est défini par rapport à son pro­priétaire et non par rapport à un lieu. Un enfant qui trouve un couteau, par exemple, le rend directe­ment à sa mère et ne le range pas dans le tiroir.

L'ampleur du phénomène

L'ampleur de ce phénomène en Afrique, est difficile à évaluer, est loin d'être négligeable, comme le montrent quelques études (encadré). Des centaines d'enfants sont donc, chaque année, victimes d'accidents domestiques et risquent de lourdes séquelles.

Ces "accidents de la vie courante" sont souvent liés ti la modification des modus de vie, à la mise sur le marché de produits issus de technologies ann­plexes, à l'évolution des loisirs et de l'habitat... qui modifient les habitudes sociales, chaque société définissant les limites du risque acceptable.

Résultats de quelques études menées en Afrique :
  • Bangui (Centrafrique) : en trois mois, 123 cas d'accidents chez des enfants de 0 à 15 ans.
  • Abidjan (Côte d'Ivoire) en 1998 : enquête pros­pective réalisée dans le service de pédiatrie médicale du CHU de Yopougon dénombrant 78 enfants intoxiqués.
  • Maghreb en 1993 : 122 enfants victimes d'intoxication.

Les actions à mener

La prévention de ces accidents passe d'abord par une "sécurisation" du l'em-ironnement, dans laquelle les parents ont un rôle essentiel en appliquant cer­taines règles de sécurité à leur domicile. L'éduca­tion pour la santé, la définition et la mise en oeuvre de normes concernant objets et espaces de vie peuvent les aider à remplir cette mission de "sécurisation" qu'ils peuvent assurer seuls. Elle suppose également l'accès de tous à des produits et espaces sécurises.

Deux conditions sont essentielles : une connaissance actualisée des risques, grâce à un recueil perma­nent et à une exploitation rapide des données, et une diffusion large de ces résultats.

II. Les principaux accidents domestiques

Les accidents en fonction de l'âge
  • De 1 à 3 mois : étouffement par oreiller, par régurgitation de lait.
  • De 4 à 6 mois : la chute est le risque principal.
  • De 6 à 9 mois : ingestion ou inhalation de corps étrangers (l'enfant se tient assis et porte les objets à sa bouche), chutes, noyade.
  • De 9 à 12 mois : ingestion d'objets ramassés par l'enfant (qui marche à quatre pattes), intoxication par plantes, produits ménagers, brûlures électriques (prises, rallonges), chutes.
  • De 12 à 18 mois : mêmes types d'accident (l'enfant touche et porte à sa bouche).
  • De 18 mois à 2 ans : le risque est maximal, mais l'enfant commence a comprendre les explications.
  • A partir de 2 ans : l'enfant se déplace, n'a pas la notion du danger, mais comprend progressivement les explications simples.
  • A partir de 3 ans : on peut éduquer l'enfant au risque.

1. Les brûlures

En Afrique, les brûlures et l'ingestion de produits toxiques occupent la première place.

Les enfants de moins de 5 ans sont les plus concer­nés, l'accident se produisant souvent lors de la préparation des repas (proximité des inarmites), ou à l'occasion de la chute d'une lampe à pétrole (sou­vent seul mode d'éclairage).

  • La cuisson des repas sur des braseros à bois, à charbon, ou sur des réchauds à alcool ou à pétrole peut être dangereuse : l'enfant peut se brûler directement au contact des flammes ou des braises, mais aussi en renversant de l'eau ou de l'huile bouillante.
  • L'enfant peut également se brûler au contact de produits chimiques comme les produits phytosa­nitaires ou les caustiques.

Les brûlures, d'étendue variable, sont souvent sources de séquelles irréversibles. Toutes ne sont pas adressées aux urgences du dispensaire ou de l'hôpital, mais soignées par le guérisseur local, ce qui favorise leur surinfection ou des cicatrices inesthétiques.

Prévention

Lors de la préparation des repas

  • Lorsque l'on utilise une gazinière : ne pas laisser dépasser les queues des casseroles et utiliser de préférence des marmites en les posant sur les feux les plus éloignés du devant de la gazinière.

  • Les braseros ou les réchauds doivent être placés dans une pièce où les enfants ne peuvent entrer ou à l'intérieur d'un petit enclos muni de barrières qu'ils ne peuvent franchir.

  • Il ne faut pas laisser les enfants seuls à proximité d'un foyer qui n'est pas protégé.

  • Laisser de petits enfants à la surveillance d'un enfant plus âgé n'est pas suffisant. L'aîné peut à tout moment s'absenter ou ne surveiller que distraite­ment ce que font les frères et soeurs en bas âge.

    • Il ne faut pas demander à un enfant jeune de manipuler des marmites et récipients brûlants trop lourds qu'il risque de faire tomber sur lui.

En cas d'utilisation de produits chimiques

Les produits chimiques dangereux (soude caus­tique, produits pour l'agriculture), qui peuvent brûler la peau, ne doivent jamais être laissés à la portée des enfants mais placés dans une réserve ou un meuble fermé avec une clé ou un cadenas. Ces produits ne doivent pas être conservés clans des bouteilles de boisson sans signe distinctif du danger. Celui-ci doit être clairement identifié par une étiquette (tête de mort).

Education des enfants

Les parents doivent très tôt éduquer les enfants sur les dangers du feu et des liquides bouillants. Dès qu'ils se déplacent par terre à quatre pattes, les parents peuvent leur faire comprendre, par la voix et le geste, que la proximité du feu est dangereuse. Aucune boîte d'allumettes ne doit être accessible aux enfants.

2. L'ingestion de produits toxiques

Les très jeunes enfants sont les premières victimes d'intoxication par ingestion de produits toxiques : produits ménagers pour les jeunes enfants, médica­ments pour les adolescents.

Exemple de la Côte d'Ivoire Sur sept ans d'observation, les intoxications aiguës constituaient 90 % de la pathologie pédiatrique dans le service d'anesthésie-réanimation du CHU de Cocody. Les produits responsables étaient :
  • l'amodiaquine dans 23,7 % des cas,
  • le pétrole dans 22,5 % des cas,
  • les produits caustiques dans 12,5 % des cas.
Dans 45 % des cas, les toxiques étaient mal conditionnés, c'est-à-dire hors de leur emballage initial. La majorité des parents ne connaissaient pas les risques liés aux toxiques couramment utilisés dans le ménage.

Le pétrole, utilisé pour l'éclairage ou pour la cuis­son des repas, constitue le premier danger. Il est vendu en vrac dans les stations services et conservé à la maison dans une bouteille ou un bidon que rien ne distingue d'une bouteille de soda ou d'eau. Il en est de même pour les produits ménagers : eau de Javel, grésil... L'intoxication survient égale­ment lorsque l'eau de boisson est stockée dans des bidons ou bouteilles ayant contenu des produits toxiques. utilisés dans les travaux agricoles ou comme détergents puissants.

Pour les enfants plus âgés, les intoxications aiguës sont liées à l'ingestion de médicaments traînant dans la maison ou à un surdosage dû à des confu­sions entre produits (antipalucléens par exemple).

Exemples de produits dangereux en cas d'ingestion ou de contact avec la peau
  • Utilisés à la maison : eau de Javel, désinfectants, déboucheurs de canalisations, pétrole, poudres à récurer, soude caustique...
  • Utilisés pour l'agriculture : engrais, produits contre les insectes, les parasites et les mau­vaises herbes...

Prévention des intoxications

Par les produits toxiques

Les jeunes enfants sont attirés par les bouteilles, bidons... qui contiennent des liquides ou des poudres. Il faut donc :

  • Ne pas laisser ces produits à leur portée mais les ranger soit dans un meuble ou une remise qui ferment à clef, soit sur une étagère placée en hau­teur, ou encore les attacher au plafond ou à une poutre.
  • Utiliser le récipient d'origine et non une bouteille vide quelconque qui contient normalement une boisson. Il ne faut pas qu'un enfant puisse confondre une bouteille de produits dangereux avec une bouteille de boisson.
  • Si un produit dangereux n'est pas stocké dans le contenant d'origine, il faut impérativement mettre sur ce récipient une marque, une étiquette, un dessin, un tissu indiquant le danger.

Si l'on ne peut faire autrement que stocker un pro­duit dans une bouteille ou un bidon quelconque, il faut obligatoirement le laver et le rincer à plu­sieurs reprises s'il doit être réutilisé.

Par les médicaments

Les boîtes et plaquettes de médicaments ne doivent jamais être laissées n'importe où dans la maison ou dans la cour, à la portée :

  • des jeunes enfants qui les prennent pour des bon­bons;
  • des enfants plus âgés et adolescents qui peuvent les confondre et/ou en absorber trop.

Même lorsqu'il ne reste qu'un ou deux comprimés dans une boîte ou une plaquette, il faut dissimuler celle-ci quelque part ou la détruire dans le feu.

Les parents doivent très tôt éduquer les enfants sur les dangers de porter à leur bouche des objets ou des produits autres que la nourriture.

3. Les blessures et les coupures

Les lames de rasoir usagées, les couteaux, rasoirs, coupe-coupe ou machettes, ou encore les tessons de verre, boîtes de conserve laissés en n'importe quel endroit de la maison ou de la cour, souvent à terre, sont des causes de blessures diverses. Les enfants ne savent en effet pas les utiliser sans se blesser.

De plus, ces objets courants peuvent, s'ils sont contaminés, transmettre le VIH/SIDA.

Prévention

Les objets coupants doivent être rangés (tiroir, meuble, remise ou réserve...) hors de la portée des enfants).
Les lames de rasoir doivent être placées en hauteur dans la douche ou sur une étagère. Lorsqu'elles sont usagées, elles ne doivent pas être jetées n'importe où mais, s'il n'y a pas de ramassage d'or­dures, enterrées ou conservées dans un récipient jusqu'à ce que l'on trouve un endroit sûr où s'en débarrasser.
La maison et ses abords doivent être débarrassés de tous les débris tels que tessons de bouteilles, boîtes de conserve...
De plus, ces objets peuvent recueillir l'eau de pluie qui y stagne, attirant les moustiques responsables du paludisme.
Les parents doivent très tôt faire comprendre à leurs enfants que certains objets sont dangereux et ne doivent être manipulés que par les adultes ou les adolescents.

4. L'ingestion de corps étrangers

Les petits enfants sont victimes d'étouffement et de blessures internes lorsque, manquant de jouet, de doudou ou de tétine, ils saisissent à terre de petits objets (capsules, cailloux, morceaux de jouets...) qu'ils portent à leur bouche. Chez le nourrisson, ce type d'accident est le plus souvent dû à une fausse route alimentaire.

Gestes d'urgence en cas d'étouffement

Chez le nourrisson

Si l'enfant avale de travers, tousse, suffoque, ne reprend pas sa respiration et devient bleu, il faut agir immédiatement :

  • Placer le nourrisson à plat ventre sur le genou flé­chi, visage vers le sol. Frapper plusieurs fois entre ses omoplates, du plat de la main. C'est la manoeuvre de Mofenson.
  • Si cela n'est pas efficace, il faut effectuer des com­pressions thoraciques : retourner l'enfant sur le dos, l'allonger tête basse sur l'avant-bras et la cuisse. Effectuer 5 compressions sur le devant du thorax avec deux doigts au milieu de la poitrine, sur la partie inférieure du sternum (voir schéma).

Chez l'enfant de plus de un an : la manoeuvre de Heimlich

Elle consiste à exercer une forte pression de bas en haut sur le diaphragme à travers la paroi abdomi­nale, ce qui provoque une hyperpression de l'air contenu clans les poumons et les bronches et tend à expulser le corps étranger à l'extérieur.

Pour créer cette hyperpression, il faut se placer derrière le malade, lui entourer la taille avec les deux bras, placer un poing fermé recouvert de l'autre main au niveau du creux épigastrique (immédiatement en dessous du sternum et dans l'arc formé par les côtes) et exercer une brusque pression dirigée vers le haut.

Les tentatives d'extraction avec les doigts sont dangereuses et souvent inefficaces, la suspension par les pieds est également dangereuse.

Prévention

Le rôle des parents est essentiel : ils doivent être particulièrement attentifs non seulement aux objets que l'enfant ramasse sur le sol, mais aussi aux jouets (billes des hochets, yeux des poupées et des nounours... ).

5. Les morsures, les piqûres

Lorsque les abords de la cour ne sont pas nettoyés et débroussaillés régulièrement, les enfants peu­vent être victimes de morsures ou piqûres d'ani­maux, reptiles ou insectes.

Dans de nombreux pays africains, en milieu rural, la végétation entourant villages et maisons abrite toutes sortes d'animaux dont certains sont dange­reux. Les serpents, les insectes venimeux et même certains mammifères comme les rats, les belettes etc... peuvent piquer ou mordre. Leur piqûre et leur morsure peuvent être dangereuses : risque d'allergie grave, de transmission de maladie dont l'animal est porteur, ou encore risque mortel.

Conduite à tenir dans un dispensaire

En cas de morsure de serpent

  • Essayer de déterminer l'espèce du serpent et son type pour savoir si l'on doit s'attendre a un syn­drome :
    • vipérin : oedème local, douleurs intenses, hypo­tension artérielle, syndrome hémorragique
    • cobraïque : paralysie, cardiotoxicité.
  • Calmer l'agitation, l'angoisse et la douleur :
    • benzodiazépine (diazépam, clorazépate clipotas­sique...) ;
    • paracétamol et éventuellement morphine ; ne pas donner d'aspirine en raison du risque hémorragique ;
    • rassurer et laisser parler l'enfant.
  • Nettoyer et désinfecter la plaie.
  • Apprécier la gravité, le grade d'envenimation.
  • Poser une perfusion et débuter une antibiothérci­pie et une corticothérapie.
  • Administrer sérum anti-tétanique et sérum anti­venimeux.
  • Garder et surveiller, évacuation sanitaire en cas de signes de gravité.
Morsure de serpent : les gestes à ne pas faire
  • Utilisation de la "pierre noire" : pas d'efficacité prouvée, gêne la désinfection locale et la surveillance.
  • Succion ou aspiration mécanique de la plaie simple ou après une courte incision : aucune efficacité après cinq minutes.
  • Bandage cornpressif : dangereux, aggravation de l'ischémie et nécrose locorégionale.
  • Refroidissement local par de la glace : néfaste, majoration de l'impression de gravité par la vasocons­triction secondaire.
  • Incision.

En cas de piqûre de scorpion

Cette piqûre est très dangereuse chez l'enfant (et la personne malade).
Le venin a des effets toxiques (neurologiques et cardiaques) marqués principalement par des signes initiaux tels que vomissements, hypersialorrhèe, diarrhée et, plus tardivement, des convulsions.

On propose d'administrer :

  • En sous-cutané, près de la piqûre de scorpion : 1 ml de lidocaïne qui a un effet analgésique.
  • Diazépam ou clorazépate dipotassique par voie orale.
  • En sous-cutané : atropine 1 ml.
  • Antalgiques par voie orale.

Surveillance très étroite pendant 48 heures. Sérum antitétanique indispensable.
Sérum antiscorpionique : efficace s'il est très précoce.

En cas de contact avec les méduses

Il faut avant tout ramener l'enfant très rapidement à terre car le risque de noyade est important. Les signes sont :

  • une réaction urticarienne importante sur la zone de contact, avec douleur, oedème massif, traînées urticariennes sur l'œdème :
  • un syndrome général grave : collapsus, troubles respiratoircs, neurologiques, fièvre.

Le traitement :

  • Administration d'un corticoïde ou à défaut, d'un anti-allergique (deschlorphénirunine, prométha­zine).
  • Lavage de la plaie en retirant les débris de filament de méduse.

Prévention des morsures et piqûres

Les mauvaises herbes, et les buissons constituant des abris pour les animaux, il faut débroussailler soigneusement et régulièrement les abords des maisons et de la cour. Le port de chaussures est également important.

Le chef de famille peut également répandre des produits insecticides ou répulsifs autour de sa concession.

6. Les chutes

Principales causes d'accidents domestiques en Occident, les chutes paraissent statistiquement moins fréquentes en Afrique. Les chutes des bébés sont rares : pas de table à langer, de sièges de bébé, ni de meubles élevés dans les foyers modestes et/ou ruraux. Le bébé, serré contre le dos de sa mère par un pagne, ne risque pas la chute.

Le petit enfant, assis ou à quatre pattes, n'est guère menacé par les chutes.

Ce sont les enfants plus âgés, capables de grimper sur des murs, des toits, des balcons ou terrasses. ou dans les arbres (pour y cueillir des fruits) qui font le plus de chutes aux conséquences parfois graves. Ils sont alors souvent victimes de traumatisme crânien.

Les traumatismes crâniens

Les traumatismes crâniens sont observés dans les trois quarts des cas de chute. Le plus souvent, ils se limitent à une simple « bosse » qui disparaîtra rapi­dement. Parfois, le traumatisme est plus grave : fracture du crâne, contusion cérébrale, hémorragie intracrânienne.

Trois tableaux peuvent être observés

  • L'enfant pleure et il est conscient, ce qui est le cas le plus fréquent. Il faut le surveiller attentivement. Si des troubles de la conscience ou de la mobilité appa­raissent, il faut sans attendre le conduire à l'hôpital.
  • L'enfant a eu une brève perte de connaissance puis a repris conscience : il doit être immédiate­ment conduit à l'hôpital pour un bilan.
  • L'enfant ne reprend pas connaissance : il faut immédiatement le placer en position latérale (le sécurité et appeler les secours.

Prévention des chutes

Les bébés et très jeunes enfants ne doivent pas être placés sans surveillance sur des endroits élevés (tables ou chaises) d'où ils peuvent tomber, mais sur une natte au sol, dans un lit muni de barrières ou portés au dos.

Il ne faut pas laisser à la portée des enfants des échelles ou objets qui leur permettent de monter sur les murs, le toit, les terrasses, les arbres de la cour d'où ils peuvent tomber.

Les parents doivent, lorsque leurs enfants commen­cent à parler et à marcher, leur apprendre à ne pas se mettre en danger en grimpant n'importe où sur les murs et les arbres.

IV. Les facteurs de risque

Les quelques études menées sur le continent africain. à partir d'échantillons d'enfants amenés dans les structures sanitaires à la suite d'un accident domestique, font apparaître que certains facteurs de risque sont communs aux différents cas :

  • La jeunesse de la mère et son faible niveau de scolarisation constituent un facteur de risque par manque d'information et de maturité. La jeune mère est moins attentive à ses enfants que la mère de famille dépassant la trentaine.
  • L'importance de la fratrie : plus les enfants sont nombreux, moins la mère a le temps de s'occuper étroitement de chacun et plus elle délègue aux aînées, pas toujours attentives, la surveillance des plus jeunes.
  • Le type de surveillance de l'enfant : confié aux soins d'une jeune bonne ou d'une parente à peine plus âgée.
  • Le moment de la préparation des repas : les types d'énergie et de réchaud sont dangereux pour les jeunes enfants car ils sont à leur hauteur et ne disposent d'aucune protection.
  • Les enfants de 0 à 5 ans sont les plus vulnérables : ils ne sont pas scolarisés, ne fréquentent générale­ment pas, comme en occident, des structures telles que les jardins d'enfants ou les crèches. Souvent livrés à eux-mêmes, leur mère s'affairant aux tâches ménagères ou champêtres, ces enfants explorent maison et cour à la recherche de jeux ou d'objets quelconques qui deviennent à leurs yeux des jouets, même s'ils sont potentiellement dangereux.

Conclusion

La gravité de certains accidents, qui peuvent laisser de lourdes séquelles, souligne l'importance de la prévention qui passe avant tout par la sensibilisa­tion des parents au risque et par l'éducation des enfants.

Développement et Santé, n°194, 2009