Le paludisme, un défi majeur
Le paludisme reste un fléau majeur à l'échelon mondial. Cette maladie est responsable de la mort de plus d'un million de personnes chaque année, certaines études indiquent même que la mortalité due au paludisme avoisinerait plutôt 3 millions de personnes. Quarante pour cent de la population mondiale est exposée et il y aurait entre 350 et 500 millions de cas cliniques chaque année. Plus de 90 % de ces morts surviennent en Afrique sub-saharienne et 90 % des enfants concernés ont moins de 5 ans, dont il est par ailleurs la principale cause de mortalité. Il représente 10% de la charge totale de morbidité du continent, 40 % des dépenses de santé publique, de 30 à 50 % des admissions dans les hôpitaux et 50 % des consultations externes dans les zones de fortes transmission.
Le paludisme est par ailleurs une maladie de la pauvreté et une cause de pauvreté. Cinquante-huit pour cent de la mortalité due au paludisme concerne les 20 % de la population la plus pauvre. Par exemple en Tanzanie, la mortalité survenant à la suite d'une fièvre aigüe chez les enfants de moins de 5 ans est 39 % plus importante dans le groupe socio-économique le plus pauvre que dans le groupe le plus riche.
Le tableau est bien sombre et pourtant il s'agit d'une maladie évitable et guérissable. Pourquoi en sommes-nous encore là ?
De nombreux engagements ont été pris au niveau international ces dernières années. En 1998 un programme international appelé "Roll back Malaria" (faire reculer le paludisme) a été lancé par un consortium d'institutions prestigieuses associant l'OMS, l'UNICEF, le PNUD et la banque mondiale pour coordonner la lutte contre le paludisme. En 2000, les chefs d'état africains et leurs représentants se sont réunis à Abuja (Nigeria) pour définir des actions concrètes permettant d'atteindre l'objectif défini par Roll Bock Malaria, à savoir diminuer de moitié la mortalité et la morbidité dues au paludisme avant 2010. Des plans stratégiques de pays ont été élaborés et reposent sur 4 types d'intervention : accès rapide au traitement, promotion des moustiquaires imprégnées d'insecticide et amélioration de la lutte antivectorielle, prévention, dépistage et traitement du paludisme chez les femmes enceintes, amélioration de la prévention des épidémies.
Il est malheureusement probable que cet objectif ne sera pas atteint. Néanmoins ce programme témoigne d'une prise de conscience politique de l'importance de ce problème. Il faut maintenant mobiliser les fonds comme ceux qui sont dégagés par le Fond mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme. Cela ne sera pas non plus une mince affaire. Cependant, une volonté politique forte et des moyens financiers adaptés n'auront aucune efficacité sans professionnels de santé bien formés et capables de mettre leurs compétences au service de ceux qui en ont le plus besoin. Ce numéro de la revue a l'ambition de participer à l'amélioration de ces compétences.
Développement et Santé, n°189, 2008