L'exemple de Santé Diabète Mali
I. Amélioration de la prise en charge nutritionnelle des patients
- Recensement des plats préparés et consommés à Bamako ;
- Analyse de la consommation alimentaire des patients diabétiques ;
- Evaluation de l'impact sur la glycémie des principales céréales (mil, riz, fonio, manioc...) et des sauces consommées au Mali afin d'établir des régimes adaptés ;
- Suivi clinique de patients afin de tester des régimes alimentaires et une éducation nutritionnelle adaptés.
Cette approche permet de présenter de nouvelles recommandations diététiques passant par le personnel soignant formé par SDM, et par les séances d'éducation nutritionnelle auprès des patients et du public maliens (prévention).
Il. Sensibilisation et information du public malien sur le diabète sucré
SDM sensibilise les populations, augmente le dépistage volontaire, améliore la détection dans les structures primaires et le référencement vers les structures spécialisées.
Pour cela, SDM utilise trois canaux :
- les pairs éducateurs : personnes issues de la population et leaders d'opinion qui vont dans les familles animer des séances de sensibilisation sur les facteurs de risque, les bonnes et les mauvaises pratiques ;
- les médias : émissions sur la santé a la radio et a la télévision ;
- les écoles, où des dessinateurs viennent travailler avec les enfants sur les modes de vie et les facteurs de risque des maladies chroniques non transmissibles.
III. Formation du personnel soignant et renforcement des structures de prise en charge du diabète
Santé Diabète Mali forme le personnel soignant afin de décentraliser la prise en charge des patients diabétiques dans les différentes régions du pays. La formation se fait aux trois niveaux du système de santé publique malien. Des médecins référents, dans les hôpitaux régionaux et les Centres de Santé de référence, ont été formés grâce à l'élaboration d'un module de formation spécifique, adapté aux réalités maliennes et avec les spécialistes maliens et la Direction Nationale de la Santé. Les formations s'étendent ensuite au personnel des CSREF (Centre de Santé de Référence) et CSCOM (Centre de Santé Communautaire).
Il est bien entendu que SDM, après chaque formation, accompagne la décentralisation de la prise en charge avec une structuration des soins par :
- la reconnaissance des médecins référents par les autorités sanitaires ;
- la mise en place de consultations spécifiques pour le suivi des diabétiques, avec une dotation en matériel ;
- l'organisation de la prise en charge dans les services spécialisés (urgences, pédiatrie) ;
- le développement de supports pédagogiques pour l'éducation des patients (panneaux, BD...);
- l'appui pour obtenir la disponibilité et l'accessibilité financière des médicaments, de l'insuline et du matériel d'analyse ;
- l'organisation de dépistages (identification des nouveaux cas, sensibilisation et information...).
IV. Prévention et prise en charge du pied diabétique
Le "pied diabétique" est dû aux altérations des vaisseaux sanguins et des nerfs qui peuvent évoluer vers l'ulcération et parfois nécessiter l'amputation du membre atteint.
Aujourd'hui, dans le monde :
- 40 % à 70 % des amputations des extrémités des membres inférieurs sont liées au diabète ;
- 85 % des amputations (les extrémités (les membres inférieurs liées au diabète sont précédées d'un ulcère du pied.
L'OMS et la FID affirment que 50 %) de ces amputations pourraient être évitées grâce a une éducation, à un dépistage et à des soins adéquats.
Pour mener la prévention et effectuer 1a prise en charge de cette grave complication, SDM forme et équipe spécifiquement les agents de santé dans des "unités diabète" décentralisées.
V. Dynamisation des associations de patients
Dans les différentes régions, le travail global s'accompagne d'un accompagnement des associations de patients diabétiques en mettant en place :
- l'identification et le recensement des patients,
- leur mobilisation et leur regroupement,
- une meilleure organisation associative,
- des activités de soutien, causeries éducatives, dépistages, journée mondiale du diabète, plaidoyers...
Il faut cependant être réaliste, s'il n'y a pas de "plaidoyer pour", il n'y aura rien ; il n'est pas sur que la prévalence du diabète ait augmenté : la maladie était surtout ignorée. Il faut donc commencer par un bilan de la situation épidémiologique et, en même temps, chercher les moyens de proposer des solutions efficaces en termes de coût et, enfin, mettre en place des programmes intégrés.
Bibliographie
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- Maire B, Delpeuch F. La transition nutritionnelle, l'alimentation et les villes dans les pays en développement Santé 2001 ; 11 : 23-30.
- Maire B, Lioret S, Gartner A, Delpeuch F. Transition nutritionnelle et maladies chroniques non transmissibles liées a l'alimentation dans les pays en développement. Santé 2002 ; 12 : 45-55.
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Développement et Santé, n°193, 2009