Isolement du malade

Par Philippe Reinert Pédiatre, Créteil, France

Publié le

L’isolement du malade a deux buts :

  • Eviter qu’un malade infecté ne contamine les autres patients ou le personnel soignant : c’est l’isolement septique.
  • Le protéger contre les germes qui l’entourent, et qui sont souvent dangereux à l’hôpital car de plus en plus résistants aux antibiotiques : c’est l’isolement protecteur.

I. Isolement septique (ancienne quarantaine)

Suivant la dangerosité du germe infectant le malade, l’isolement sera plus ou moins strict.

Sont considérés comme majeurs les germes responsables de fièvres hémorragiques (Lhassa, Ebola) et surtout les germes résistants à tous les antibiotiques (bactéries multirésistantes : BMR). Ils imposent l’intervention d’un personnel spécifique et bien sûr des mesures d’hygiène dites renforcées : lavage des mains, masque, gants, surblouse à chaque soin. Les déchets doivent être isolés et rapidement évacués dans un conditionnement étanche. Les visites sont interdites.

Pour d’autres infections, par exemple typhoide, coqueluche, tuberculose, si la chambre seule est vivement conseillée, les règles d’hygiène standard (à préciser )suffisent. Il faut signaler que certaines règles d’isolement se sont adoucies : par exemple, la tuberculose de l’enfant de moins de 10 ans n’est pas contagieuse (il n’y a pas, avant l’âge de 10 ans, de caverne pulmonaire, seule cause de diffusion du BK).
Pour une tuberculose pulmonaire de l’adulte, très contagieuse, un isolement de 15 jours suffit après un traitement strictement suivi.

Pour les méningites à méningocoque, contagieuses de par la présence du germe dans la gorge, l’antibiothérapie stérilise les secrétions pharyngées en 2 à 3 heures : il n’est donc plus nécessaire d’isoler un malade traité.

Un isolement collectif peut être nécessaire en cas d’épidémie, choléra par exemple.

L’apparition de BMR est un souci majeur : staphylocoque doré résistant à la méthicilline, colibacilles producteurs de bétalactamases (BLSE) principal responsable des infections urinaires. De nombreux cas d’infections urinaires résistant à tous les antibiotiques ont été signalés en Afrique. C’est dire si le signalement par le laboratoire d’un BMR dans un hôpital est important et doit déclencher un redoublement des mesures d’hygiène.
Les malades porteurs d’un BMR doivent être regroupés : leurs soins sont à effectuer en dernier afin d’éviter la contamination des autres patients.

II. Isolement protecteur

Certains malades, dont les défenses immunitaires sont diminuées, sont particulièrement exposés aux germes hospitaliers, mais aussi à ceux qui sont sans conséquence grave chez un sujet sain (varicelle, rougeole, herpès, candida par exemple).
Les brûlés, les opérés récents, les patients atteints de SIDA à un stade avancé, les malades sous chimiothérapie ou corticothérapie, sans oublier les prématurés, sont les plus exposés.

Il existe ici aussi une graduation dans les mesures à prendre. Un malade en aplasie post-chimiothérapie doit être isolé dans une chambre aseptisée dont l’accès est limité au personnel soignant (masque, gants, surblouse), les visites pouvant être interdites.

Un patient = une paire de gants
Un soin = une paire de gants

Dans les autres cas, une hygiène rigoureuse sera suffisante, en gardant la hantise des infections manuportées.

Si les infections nosocomiales sont responsables de centaines de milliers de morts chaque année dans le monde, nous ne devons pas oublier que l’isolement est une souffrance morale pour le malade et que toute l’équipe soignante doit être à l’écoute.