Injection sous-cutanée

Par Philippe Reinert Pédiatre, hôpital intercommunal, Créteil, France

Publié le

I. Définition

L'injection sous-cutanée permet d'injecter une faible quantité de produit thérapeutique dans des conditions relativement simples et indo­lores. Ce type d'injection peut, dans certains cas être pratiqué par le patient lui-même.

II. Législation - responsabilité

  1. Dans le cadre de son rôle propre, l'infirmier accomplit les actes ou dispense les soins sui­vants visant à identifier les risques et à assurer le confort et la sécurité de la personne et de son environnement et comprenant son infor­mation et celle de son entourage :

  2. surveillance d'injections et perfusions.

  3. L'infirmier est habilité à pratiquer les actes sui­vants soit en application d'une prescription médi­cale qui, sauf urgence, est écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, soit en application d'un protocole écrit, qualitatif et quantitatif, préa­lablement établi, daté et signé par un médecin :

  4. injections et perfusions.

III. Indications

  • Produits médicamenteux injectables ne pou­vant être utilisés par voie veineuse.
  • Injection de produits anticoagulants (ces traitements ne doivent pas être injectés par voie intramusculaire) et d'insuline.
  • Vaccins.

IV. Prérequis indispensables

  • Utilisation du produit à injecter (voie d'injec­tion, posologie, précaution d'utilisation, mode de reconstitution...).
  • Anatomie de la peau.

V. Matériel

1. Pour le soin

  • Seringue et aiguille solidaires en monobloc (anticoagulant de bas poids moléculaire ou insuline, par exemple) ou stylo injectable (insuline) ou seringue adaptée à la quantité à injecter (2 ou 5 ml).
  • Aiguille en acier inoxydable ou en nickel à biseau long (moins douloureux) :
    • aiguille de 2,5 à 3 cm de longueur (couleur orange);
    • le diamètre varie de 0,6 à 0,8 mm;
    • aiguille de 12,7 mm et 8 mm (pour les insulines, la plus petite évite de pratiquer des injections en intramusculaire).
  • Diluant de reconstitution si le produit est lyophilisé (préférer le diluant fourni avec le produit à l'eau pour préparation injectable).

2. Pour l'asepsie

  • Gants non stériles à usage unique.
  • Compresse ou coton.
  • Désinfectant (alcool modifié à 70°).
  • Boîte à aiguilles souillées.
  • Sac poubelle.

VI. Préparation du matériel

Si nécessaire, reconstituer le produit lyophilisé à la dose prescrite.

Particularités

Héparine de bas poids moléculaire

  • Utiliser la seringue à la dose prescrite (ne pas purger), chaque dose correspond à une préparation.

Insuline

  • Prélever la quantité de produit nécessaire du flacon d'insuline de 100 Ul/ml (certains pays utilisent de l'insuline dosée à 40 UI/ml). Préparer l'insuline dans une seringue permet de mélanger deux insulines de concentrations différentes.
  • Dans le cas de l'utilisation de stylos, intro­duire l'ampoule d'insuline dans le logement du stylo, revisser le capuchon et purger.
  • Adapter une nouvelle aiguille, régler la quan­tité à injecter en exerçant une rotation du capuchon (ce qui correspond au piston d'une seringue), à l'aide de l'indicateur de dose.

VII. Préparation du patient

Le patient est en position assise, ou allongé sur le dos.

VIII. Réalisation technique du geste et surveillance

  • Reconstituer le produit si nécessaire en injectant la quantité de diluant dans le flacon de manière aseptique (désinfecter le bou­chon), mélanger le produit sans le secouer. Réchauffer le produit entre les mains si nécessaire.
  • Mettre les gants.
  • Choisir la zone de ponction : la face anté­rieure de la cuisse ; le quart supéro-externe de la fesse ; la partie antérieure et supérieu­re du bras ; l'abdomen (à environ 10 cm du nombril).
  • Désinfecter la zone de ponction choisie en un seul passage de compresse imbibée d'alcool.
  • Former un pli (pour éviter toute pénétration de l'aiguille en intramusculaire) en pinçant la peau avec le pouce, l'index et le majeur, sans pincer le muscle.
  • Piquer perpendiculairement ou latéralement (45°) au plan de ponction selon la corpulen­ce de la personne, la taille de l'aiguille ou la zone (le pli est inutile pour l'injection dans le quart supéro-externe de la fesse). Introduire rapidement l'aiguille jusqu'à la garde. Pour les stylos à insuline, appuyer sur le bouton du stylo et laisser l'aiguille en place cinq secondes sous la peau après l'injection.
  • Ne lâcher le pli qu'au moment du retrait de l'aiguille.
  • Retirer rapidement l'aiguille et la seringue à la fin de l'injection, désinfecter le point de ponction.
  • Eliminer l'aiguille dans le collecteur à aiguilles souillées.

Particularités

Dans le cas des injections d'anticoa­gulants

L'ensemble aiguille-seringue préparé à la dose à injecter contient une bulle d'air qu'il ne s'agit pas d'éliminer. Elle évite la forma­tion d'un hématome sous-cutané, en chas­sant le produit profondément à distance des vaisseaux de l'épiderme. Le massage de la zone après l'injection favorise l'apparition d'un hématome.

Dans le cas des insulines

Varier les points de ponction (pour éviter les lipodystrophies) en exerçant une rotation des sites (par exemple : bras droit, côté droit de l'abdomen, cuisse droite, cuisse gauche, côté gauche de l'abdomen, bras gauche...), injecter dans la même zone à la même heure, car la vitesse d'absorption est diffé­rente selon la zone ponctionnée. Il est important également d'espacer les points d'injection de 2 cm dans la même zone.

Injecter l'insuline à température ambiante, elle se diffusera à la même vitesse dans le sang, elle est moins douloureuse que froide.

IX. Surveillance après le soin

Surveiller l'apparition d'un hématome, de signes inflammatoires (chaleur, rougeur, douleur...) et de lipodystrophies.

X. Complications et risques

  • Vérifier que le patient n'est pas allergique au produit injecté (en lui demandant s'il a déjà bénéficié de ce traitement, par exemple...).
  • Ne pas injecter si du sang remonte dans la seringue lors de la ponction, retirer l'aiguille de 1 ou 2 cm et repiquer en variant l'angle, revérifier l'absence de sang puis injecter. Eventuellement, s'il y a un retour franc, reti­rer l'aiguille et comprimer. Préparer une autre seringue.
  • Ne pas piquer sur les faces latérales (risque d'atteinte de vaisseaux) ou postérieures de la cuisse (risque d'atteinte du nerf sciatique).
  • Ne pas piquer sur les parties latérales de l'abdomen ou trop près du nombril, pour éviter d'être en intramusculaire.
  • Commencer par l'insuline rapide, puis pré­lever l'insuline lente ou semi-lente, lors du mélange d'insulines dans la même seringue. En cas d'erreur de dosage, recommencer le mélange avec une nouvelle seringue.
  • L'utilisation de chaque stylo est particulière, il convient de se conformer à leur mode d'emploi.
  • Conserver l'insuline au réfrigérateur entre 2 et 8°C pour les nouveaux flacons, les flacons entamés peuvent être maintenus à température ambiante, à l'abri de la lumiè­re, de la chaleur et dans de bonnes condi­tions d'hygiène une durée d'un mois au maximum. Ne pas congeler l'insuline, atten­tion aux soutes à bagages d'avion.
Accident d'exposition au sang par piqûre septique Respecter scrupuleusement les pré­cautions d'accidents à l'exposition au sang, le port de gants, le non recapu­chonnage de l'aiguille, l'élimination de l'ensemble aiguille - seringue dans la boîte à aiguilles souillées.

XI. Evaluation

1. De la procédure de soin

  • L'injection est pratiquée de manière asep­tique et évite le tissu musculaire.
  • La zone d'injection est respectée, en rap­port avec l'absorption d'insuline au cours de la journée.
  • Le port des gants a été respecté.

2. Du résultat ou des objectifs à atteindre

  • L'injection est efficace.
  • Le patient, dans le cadre de l'éducation du diabétique, a reçu les informations nécessaires à l'auto-injection sous-cutanée d'insuline.

Développement et Santé, n°184, 2006