Infections respiratoires aiguës chez l'enfant

Par Bernard Lagardère

Publié le

Les infections respiratoires aiguës représentent une des causes les plus importantes de mortalité infantile. Une meilleure compréhension de ces maladies devrait pouvoir permettre aux soignants et aux familles de mieux utiliser les moyens, même limités, à leur disposition.

Une classification simple distingue:

  • L'angine et l'otite dont l'infection ne se propage en général pas aux voies respiratoires inférieures, et dont l'incidence varie peu selon les saisons.
  • Les rhumes, affections bronchiques et pneumopathies qui sont beaucoup plus fréquents durant la saison froide.

La malnutrition ne semble pas jouer un rôle fondamental dans la gravité de ces infections, mais elles-mêmes peuvent retentir sur l'état nutritionnel par les difficultés d'alimentation qui les accompagnent.

L'âge est un facteur plus important car c'est chez le nourrisson essentiellement que ces infections peuvent être redoutables.

Les infirmiers et médecins doivent savoir distinguer les différents types d'infection respiratoire aiguë pour les surveiller et traiter de façon adaptée. A ce niveau, le rôle de l'éducation sanitaire est autre; c'est de:

  • Limiter la contamination.
  • Déceler les signes de gravité qui doivent conduire l'enfant en urgence dans un centre de soins ou un hôpital plus équipé.
  • "Mettre en condition" l'enfant au domicile par des mesures simples qui peuvent empêcher ou limiter certaines complications.

1. La contamination

a. Une réelle prévention est le plus souvent impossible car il n'existe pas de vaccin contre l'ensemble des agents infectieux responsables. Cependant, une vaccination précoce contre la coqueluche permet de protéger le petit nourrisson à l'âge où il risque de faire la maladie la plus grave.

b. La mère, dès les premiers signes (toux, écoulement nasal, gêne respiratoire) devrait tenir son enfant à l'écart, sinon du reste de la famille, ce qui est en général impossible, du moins des endroits où il risque de contaminer les autres et de surinfecter son organisme fragilisé (marché, fêtes).

2. Les signes de gravité

a. Certains sont évidents et sont assez facilement reconnus spontanément :

  • une respiration très rapide,
  • une cyanose surtout visible au niveau des ongles et de la langue,
  • une apathie avec hypotonie chez le nourrisson: l'enfant est "endormi et mou".

b. D'autres devraient attirer l'attention plus tôt :

  • un manque d'appétit,

  • une respiration sifflante,

  • surtout un battement rapide des ailes du nez: les narines semblent s'écarter et s'élargir de façon régulière au rythme des mouvements respiratoires.

c. Les mères doivent savoir que toute infection respiratoire aiguë chez un enfant de moins de un an est potentiellement grave.

d. L'enfant doit alors être rapidement mené au centre de santé et il sera éventuellement hospitalisé.

3. La "mise en condition " à domicile

Il faut assurer la liberté des voies nasales. Les moyens sont limités :

a. La mère doit savoir qu'il est indispensable de maintenir l'apport alimentaire en liquide chez son enfant, et l'encourager à manger autant que possible. Les petits repas ou les tétées fractionnés sont mieux acceptés. Ainsi peut-on limiter le danger de dénutrition rapide, source de surinfection, et de déshydratation surtout si existent des troubles digestifs associés.

b. Dans les régions sèches, et surtout si la respiration de l'enfant est bruyante (atteinte bronchique et laryngée) la mère doit savoir comment augmenter l'humidité ambiante. Les bouilloires à vapeur sont dangereuses et non adaptées aux climats chauds. La meilleure méthode est la suspension d'un linge trempé autour du berceau ou de la pièce, et, s'il y a de l'électricité, de brancher un ventilateur.

c. Si l'enfant est fébrile, il faut lutter contre une fièvre élevée qui peut déterminer ses propres complications (convulsions). Ces maladies sont souvent plus fréquentes en saison froide mais ce n'est pas le froid qui provoque directement la maladie: il n'agit qu'en augmentant la contamination en favorisant les rassemblements et la cohabitation étroite. L'enfant ne doit donc pas être trop couvert, et des moyens simples sont parfois nécessaires pour faire baisser la fièvre.

Développement et Santé, n°38, avril 1982