Infections nosocomiales

Par Philippe Reinert Pédiatre, Créteil, France

Publié le

Toute infection acquise à l’hôpital ou au dispensaire est dite nosocomiale (voir encadré).
Cela signifie qu’elle survient pendant ou après un séjour à l’hôpital (ex. : infection post-opératoire) ou après une consultation (rougeole, varicelle par exemple) ou un acte invasif (ex. : abcès au point d’injection).

Définition d'une infection nosocomiale
  • Une infection est dite nosocomiale si elle apparaît au cours ou à la suite d'une hospitalisation et si elle était absente à l'admission à l'hôpital.
      * Ce critère est applicable à toute infection.
  • Lorsque la situation précise à l'admission n'est pas connue, un délai d'au moins 48 heures après l'admission (ou un délai supérieur à la période d'incubation lorsque celle-ci est connue) est communément accepté pour distinguer une infection d'acquisition nosocomiale d'une infection communautaire.
      * Toutefois, il est recommandé d'apprécier, dans chaque cas douteux, la plausibilité du lien causal entre hospitalisation et infection.
  • Pour les infections du site opératoire, on considère comme nosocomiales les infections survenues dans les 30 jours suivant l'intervention, ou, s'il y a mise en place d'une prothèse ou d'un implant, dans l'année qui suit l'intervention.

L'infection nosocomiale peut être provoquée par un germe :

  • provenant d’un autre malade,
  • présent sur le matériel médical, les sols, les lavabos, etc,
  • apporté par le personnel soignant (infection respiratoire par exemple),
  • enfin provenant du malade lui-même (germe initialement sur la peau, les muqueuses ou dans le tube digestif et infectant une plaie opératoire, les urines, les voies respiratoires…).

Les infections nosocomiales sont fréquentes, et peuvent être mortelles.
De plus, les germes hospitaliers sont devenus souvent très résistants aux antibiotiques (staphylocoque par exemple) et les malades contaminés sont souvent fragiles : SIDA, prématurés, diabétiques, dénutris…

C’est donc un véritable problème de santé publique qui est souvent ignoré ou sous-estimé par les soignants.

Selon leur mode de transmission, ces infections hospitalières nosocomiales sont classées en cinq groupes, en relation directe avec les réservoirs, la situation à risque et les mesures de prévention.

I. Les maladies contagieuses à transmission directe

Elles peuvent réaliser de véritables épidémies comme la rougeole, les diarrhées virales (à Rotavirus par exemple) ou les bronchiolites à virus respiratoire syncytial. Certaines sont tellement contagieuses que les mesures préventives sont illusoires, en dehors d’une vaccination antérieure si elle est possible (rougeole par exemple) (voir l'article "Isolement du patient" ). Dans certains cas il est possible de limiter les risques de transmission en organisant les circuits des patients, par exemple on ne doit pas mettre dans une même salle des patients tuberculeux contagieux et des enfants ou des sujets infectés par le VIH. D’autres initiatives de ce type doivent être développées par tous.

II. Transmission par le sang

et les liquides biologiques

Les mesures strictes sont ici parfaitement efficaces : Précautions Universelles de Soins (PUS), élimination correcte des déchets, etc. (voir articles spécifiques).

III. Les maladies à réservoir environnemental (choléra, typhoïde)

Elles sont dues à une mauvaise hygiène de la collectivité : insuffisance du lavage des mains, du contrôle de l’eau et de l’alimentation, de l’élimination de déchets. Le devoir des soignants est de respecter les règles d’hygiène des soins, de l’alimentation, etc.

IV. Les maladies transmises par un arthropode

C’est le cas du paludisme en particulier - si les malades ne sont pas protégés par une moustiquaire imprégnée - ainsi que des nombreuses infections véhiculées par les poux, puces… présents dans les matelas non désinfectés.

Dans les centres de santé, deux points sont fondamentaux :

  1. Tout sujet suspect de fièvre jaune doit être mis sous moustiquaire à l’abri de toutes piqûres de moustique,
  2. Les locaux de soins et les locaux annexes doivent être mis hors d’atteinte des insectes, arthropodes et rongeurs.

V. Les infections nosocomiales

Elles sont causées par un germe hospitalier provenant généralement d’un autre malade et véhiculé le plus souvent par les mains du personnel. Les 4 germes les plus redoutables sont le staphylocoque, le colibacille, le bacille pyocyanique et les klebsielles
Les secteurs les plus exposés sont la chirurgie et la réanimation où se trouvent les malades les plus fragiles.
La lutte repose sur les bonnes pratiques de soins, le bon usage des antibiotiques et antiseptiques et la bonne gestion des déchets.

Lutter contre les infections nosocomiales est difficile ; c’est l’affaire de tous. Il est souhaitable que, dans chaque structure de soins, se mette en place une équipe chargée de rechercher les infections nosocomiales, d’organiser des formations de tout le personnel et de contrôler l’application de toutes les mesures d’hygiène.