Drépanocytose : prise en charge de la douleur
I. Histoire naturelle de la crise
Dans 40 % des cas, la crise est précédée de prodromes durant 4 jours : fatigue inexpliquée, étourdissements, vertiges, pâleur, troubles digestifs, gêne respiratoire, subictère conjonctival.
Mais le plus souvent, la douleur s’installe brutalement, d’emblée intense, entraînant prostration, hyperesthésie dans la zone douloureuse (articulations++, thorax) et insomnie.
Il existe souvent une fièvre modérée et des signes inflammatoires, en particulier articulaires : il est souvent difficile de diagnostiquer tôt une infection (ostéite, arthrite, complications de la drépanocytose).
En 4 à 5 jours, les douleurs s’estompent et le sujet retrouve son état antérieur.
II. Comment prévenir la crise ?
- Eviter tout effort physique
- Boire souvent, toutes les heures par exemple : l’hyperhydratation a un effet préventif démontré.
- Parmi les médicaments, seule l’hydroxyurée entraine une diminution des crises vaso-occlusives dans 80 % des cas, mais elle peut provoquer des complications graves (voir rubrique Actualités, 7 avril 2012).
III. Traitements pharmacologiques
Ils doivent toujours être associés à l’hyperhydratation.
1. A domicile
- Paracétamol: 15 mg/kg/dose (première dose : 30 mg/kg).
Pour un adulte : 1 gramme toutes les 6 heures.
Si le paracétamol est efficace, poursuivre avec 4 doses /jour pendant 4 à 5 jours. - Si la douleur persiste après 30 à 45 minutes : associer au paracétamol l’ibuprofène :
10 mg/kg/dose. Si le traitement est efficace, poursuivre avec 4 doses /jour. - Si la douleur persiste une heure plus tard, ajouter de la codéine (0,5 à 1 mg/kg/dose) toutes les 6 heures. En cas de douleurs épigastriques, éviter l'ibuprofène.
2. Au dispensaire
Evaluation de la douleur (voir articles devsante.org et site pediadol.org).
Toujours assurer une hyperhydratation avec 1,25 à 1,5 fois les besoins d’entretien soit 2,5 litres/m2/24 heures.
Recherche d’une complication : infection (pulmonaire, urinaire), anomalie neurologique, cholécystite, anémie profonde, détresse respiratoire, priapisme, etc.
Morphine
Il est regrettable que les morphiniques soient si peu employés dans les pays francophones !
La morphine est toujours efficace, ne coûte pas cher et ne conduit pas à la toxicomanie.
On ne doit pas laisser souffrir un drépanocytaire, d’autant que l’on sait l’intensité de la douleur dans certaines crises.
- Morphine IV
- Dose de charge : 0,1 mg/kg IV lente en 5 minutes (maximum : 5 mg).
- Ensuite : 0,003 mg/kg/5 minutes jusqu’au soulagement.
- Dose de relais : 1 mg/kg/24 heures en IVC.
- Morphine orale
- Suspension
- Dose de charge : 0,4à 0,5 mg/kg (maximum 20 mg).
- Relais : 0,2 à 0, 4 mg/kg toutes les 30 minutes jusqu’au soulagement.
- Résultat incomplet: 0,2 à 0,3 mg/kg toutes les 2 à 4 heures (en plus du relais).
- Morphine orale retard
Il existe des formes retard (gélules) agissant 12 heures (2 prises par jour).
Surveillance et recherche des effets secondaires des morphiniques
- Pauses respiratoires
- Somnolence
- Troubles du comportement
- Nausées
- Constipation
- Vomissements
- Prurit
- Rétention d’urine