Conseils aux asthmatiques
L'asthmatique a besoin d'éducation sanitaire à la fois pour réduire le risque de faire des crises, pour empêcher l'évolution vers la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et pour apprendre à gérer ses crises et leur traitement.
Les conseils suivants que vous pouvez utiliser lors d'une séance d'Education pour la Santé, ou en consultation individuelle visent à :
améliorer l'hygiène de vie de l'asthmatique,
à lui apprendre à assurer une bonne auto-surveillance de ses crises,
à améliorer sa façon de se traiter.
I. Hygiène de vie
1. Arrêter de fumer
C'est le maître-conseil, celui qui apporte le plus de bien-être à l'asthmatique, celui que l'on doit préconiser sans relâche.
Pourquoi ?
Outre tous les méfaits et les risques extrapulmonaires du tabac, l'acte de fumer chez l'asthmatique entraîne :
un bronchospasme d'une vingtaine de minutes,
une irritation de la muqueuse bronchique par le goudron et les vapeurs de charbons plus ou moins incandescentes.
On comprend donc que ce patient qui souffre d'une hyperréactivité bronchique et qui est menacé de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), doit fuir comme la peste ce poison.
Expliquez, sensibilisez, discutez, aidez le fumeur asthmatique à se désintoxiquer.
2. Améliorer les performances respiratoires par le sport
Une activité physique ou sportive est recommandée car :
- elle va renforcer les muscles respiratoires, avant tout le diaphragme, mais aussi les
muscles accessoires : intercostaux et susclaviculaires,
mieux ventiler les poumons,
mieux oxygéner le sang,
apporter un bien-être mental.
La question est: "quel sport et comment".
a. Quel sport?
Celui qui lui fait plaisir et qu'il peut pratiquer sans gêne. En pratique, ce qui demande un effort intense comme un sprint n'est pas conseillé. Par contre, les sports d'endurance en respectant certaines conditions sont conseillés : marche, course à pied, natation, vélo.
b. Comment ?
D'abord, toujours débuter doucement et augmenter progressivement par paliers pour que les poumons s'habituent. Par exemple, pour la course à pied, pendant quelques semaines, le patient courra un kilomètre chaque fois, trois fois par semaine, puis quand il se sentira à l'aise pleinement, il passera à un kilomètre et demi ou deux et ainsi de suite.
Ensuite, toujours bien soigner le réchauffement et l'assouplissement préalable à l'effort. Lorsque l'on court, il se produit, au bout d'une distance variable, une petite gêne juste avant de retrouver son second souffle. Cette gêne correspond à une " dette " d'oxygène car l'acidose lactique provoquée par l'effort musculaire n'a pas été compensée par la ventilation respiratoire. On comprend donc que l'asthmatique est menacé de faire une crise à ce moment-là. Pour prévenir ce danger, l'asthmatique doit donc bien se réchauffer, assouplir ses muscles par divers mouvements et ne pas hésiter, s'il le ressent, à inhaler une bouffée de bronchodilatateur juste avant de démarrer, lentement, rappelons-le.
3. Se protéger des émotions, angoisses et autres stress
On sait que la survenue d'une crise d'asthme est le reflet d'une tension nerveuse. Tout ce qui pourra aider le patient à se calmer sera donc préventif. Il n'y a pas de recettes. Cela peut aller à lui conseiller de faire du sport ou des activités qui lui font plaisir, à éviter les discussions difficiles, à se mettre en retrait dès qu'apparaît une dispute, jusqu'à lui proposer de parler de ses problèmes. Le fait d'extérioriser ses tracas apporte souvent un soulagement. Bien entendu, la prescription d'un sédatif peut être utile.
II. Apprendre à mieux se traiter
1. Bien utiliser le spray bronchodilatateur
Normalement, la bouffée doit être inhalée pendant le temps inspiratoire. Mais cela n'est pas évident pendant une crise d'asthme. Il faudrait que le patient se concentre bien, qu'il bouche ses narines avec les doigts et ferme la bouche tout de suite après. Cela demande une habitude et un entraînement.
2. Utiliser la chambre d'inhalation
Vues les difficultés d'inhalation, on recommande de placer le spray dans une chambre d'inhalation. Il en existe de toutes préparées, mais coûteuses. Sinon, on peut la fabriquer avec deux petites bouteilles d'eau minérales de 25 cc. On coupe et enlève le fond ; on les fixe avec du sparadrap. On arime l'embout et le spray avec une compresse et du sparadrap à un des goulots et le patient respire à l'autre goulot. C'est simple, efficace et pas cher.
3. Lui expliquer la différence entre les corticoïdes et les bronchodilatateurs
Les corticoïdes inhalés servent à réduire l'inflammation. Ils doivent être pris régulièrement, deux bouffées de 250 trois ou quatre fois par jour. Ils sont préventifs de la crise.
Les bronchodilatateurs servent à "ouvrir" les bronchioles. Ils sont donc curatifs de la crise et ne devraient être employés qu'en début de crise.
4. Lui apprendre à utiliser le débit-mètre
Le débit-mètre n'est pas un bon moyen pour connaître les performances respiratoires contrairement aux épreuves fonctionnelles respiratoires. De plus, il y a une grande variabilité selon les appareils, mais il s'avère
très utile à titre de surveillance évolutive individuelle avec le même appareil. Surtout, c'est un indicateur d'une crise grave, lorsqu'un asthmatique qui soufflait habituellement à 300 tombe à 150 ou moins.
5. Enfin, le conseil essentiel à donner, c'est de savoir s'alarmer quand il tire trop sur le spray
Lui dire et lui redire à chaque consultation que, s'il tire plus de quinze bouffées par jour ou si son spray ne dure que deux ou trois semaines, il doit consulter et modifier son traitement. S'il consomme trop de bronchodilatateurs, c'est que quelque chose ne va pas et qu'il faut réagir vite.
Conclusion
Si on devait choisir parmi tous les conseils d'Éducation Sanitaire, deux devraient être retenus :
arrêter de fumer
attention à la surconsommation de bronchodilatateurs.
Conseils aux asthmatiques
I. Hygiène de vie
1 - Arrêter de fumer
2 - Développer l'activité physique
3 - Hygiène mentale
II. Apprendre à mieux se surveiller et se traiter
1 - Bien utiliser le spray
2 - Utiliser la chambre d'inhalation
3 - Expliquer la différence entre les corticoïdes et les bronchodilatateurs inhalés
4 - Utiliser le débit-mètre
5 - Attention à la surconsommation de bronchodilatateurs
Développement et Santé, n°114, décembre 1994