Bilan du programme d'éducation thérapeutique à l'hôpital Calmette après trois ans de suivi et évaluation de son impact sur l'observance
I. Les patients
L'évaluation a été réalisée chez 272 patients 158 hommes (58 %) et 114 femmes (42 %), âge médian 34 ans (IQR*, 30-39).
Concernant le mode de vie des patients
- 158 (58 %) vivent à Phnom-Penh et 114 (42 %) en province,
- 138 (51 %) vivent en couple, 112 en famille (41 %) et 22 seuls (8 %),
- les principales professions sont aucune (21 %), commerçants (17 %), militaires/ policiers (17 %), autres fonctionnaires (15 %), activités libérales en PME (11 %), agriculteurs (7 %) et moto-taxis (6 %).
L'infection VIH a été découverte en raison
- de problèmes de santé pour 169 (62 %) d'entre eux,
- d'une infection chez le conjoint pour 60 (22%),
- d'un bilan de santé systématique pour 34 (13%)
- d'une grossesse pour 9 (3 %).
Quantre-vingt quatorze pour cent des patients ont parlé de leur infection avec au moins un membre de l'entourage
- 50 % avec la famille seule,
- 14 % avec le conjoint seul,
- 36 % avec les deux.
Lorsque l'on interroge les patients sur les changements que l'infection a entraîné dans leur vie quotidienne, les 3 réponses les plus fréquentes sont aucun changement (36 %), diminution des revenus (28 %) et perte de l'avenir (24 %).
Seuls 1/3 des patients avaient déjà été suivis pour leur infection avant l'entrée dans la consultation.
II. Concernant le programme d'éducation thérapeutique
Le nombre moyen de consultations est de 4.7 (IQR, 3-6) et le nombre de consultations nécessaires pour atteindre les objectifs thérapeutiques de 3.8 (IQR, 3-4).
Les principaux problèmes rencontrés
par les patients lors du suivi sont
- l'éloignement par rapport à l'hôpital (28 %),
- des problèmes financiers (18%),
- des symptômes dépressifs (18 %),
- le fait de devoir changer de traitement (16 %) et de formes galéniques (8 %),
- les effets indésirables (13%),
- les horaires de prise (8 %),
- des problèmes de communication avec l'entourage ou de discrimination (11 %),
- des problèmes d'alcoolisme (2 %).
Un questionnaire d'évaluation portant sur 20 questions abordées lors des séances d'éducation a été proposé aux 272 patients le nombre moyen de bonnes réponses est de 18.5/20 (IQR, 18-20). (cf. tableau 1)
III. Évaluation de l'observance
L'observance a été évaluée chez 285 patients ayant plus de 6 mois de traitement ARV par plusieurs techniques : auto questionnaires, échelle analogique, mesure du volume globulaire moyen (tous les patients étaient soit sous AZT soit sous D4T), concentrations résiduelles plasmatiques d'ARV (INNTI - Inhibiteur non nucleosidique de la transcriptase inverse - et IP - Inhibiteur de la protéase) et PCR** (Polymerase chain reaction) VIH chez les patients naïfs d'ARV avant l'entrée dans la consultation (N=161).
\ Note de l'éditeur* : InterQuartile Range, l'écart interquartile mesure la dispersion des résultats autour de la médiane, cette dernière partageant les résultats en deux moitiés égales.
\* Note de l'éditeur : PCR = Technique d'amplification du matériel génétique viral qui permet d'en produire de grandes quantités et donc de le mettre en évidence à partir d'une quantité limitée au départ.*
Les résultats sont les suivants :
Population | (N = 285) |
---|---|
Oubli sur les 4 derniers jours Oui Non | 6 (2%) 279 (98%) |
Nombre de cps pris / nombre de cps à prendre 100% 95% 87,5% 75% | 279 1 4 1 |
Décalage des horaires > 2 heures sur les 4 derniers jours Oui Non | 27 (10%) 258 (90%) |
Erreur de doses sur les 4 derniers jours Oui Non | 11 (4%) 274 (96%) |
Oubli sur le dernier week end Oui Non | 18 (6%) 267 (94%) |
Oubli sur le dernier mois > 1/semaine < 1/semaine Non | 0 28 (10%) 257 (90%) |
Echelle analogique (/10) 10 < 10 Efavirens | 200 (70%) 85 (30%) |
Dosages pharmacologiques (ng/ml) > 1000 pour EFV et 3000 pour NVP (Nevirapine) < 1000 pour EFV et 3000 pour NVP | 263 (94%) 17 (6%) |
VGM > 100 < 100 | 250 (88%) 35 (12%) |
PCR VIH chez patients naïfs (N=161) < ou = 400 copies/ml > 400 copies/ml | 137 (85%) 24 (15%) |
Propositions | Réponse | Degrés de certitude | |||||
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Vrai | Faux | Totalementsûr | Sûr | Presquesûr | Pas tout à fait sûr | Pas du toutsûr | |
Q1l- Une femme peut transmettre le VIH à son enfant au moment de l'accouchement. | |||||||
Q.2- Au moment de l'allaitement par le sein. | |||||||
Q.3- En prenant son enfant dans ses bras. | |||||||
Q.4- L'utilisation systématique des préservatifs pendant les rapports sexuels empêche la transmission du VtH. | |||||||
Q.5- Le VIH peut se transmettre par les moustiques. | |||||||
Q.6- Le VIH détruit les défenses de notre corps. | |||||||
Q.7- Les maladies qui composent le SIDA sont dues à la baisse de ces défenses. | |||||||
Q.8- Les maladies apparaissent la première année de l'infection. | |||||||
Q.9- Avec la prise de sang, on dose le taux de CD4 qui est le reflet de nos défenses. | |||||||
Q. 10- On donne le traitement si les CD4 sont bas. | |||||||
Q. 11- Le traitement peut faire remonter les CD4. | |||||||
Q.12- Le traitement peut supprimer le VIH de notre corps. | |||||||
Q.13- Pour que le traitement marche, il faut qu'il soit pris tous les jours. | |||||||
Q. 14- Si le traitement est mal pris, le VIH s'habitue aux médicaments et ceux-ci ne sont plus efficaces. | |||||||
Q. 15- Quand je prends mon traitement, il n'est pas nécessaire d'utiliser des préservatifs. | |||||||
Q. 16- Si je vomis les médicaments 1 heure après les avoir pris, il faut les reprendre. | |||||||
Q. 17- Si j'oublie mon traitement du matin, il faut que je rattrape la prise du soir. | |||||||
Q.18- Si un effet secondaire apparaît, je dois tout arrêter et attendre la prochaine consultation. | |||||||
Q. 19- Si j'ai la diarrhée avec les médicaments, je peux prendre des antidiarrhéiques et boire beaucoup d'eau. | |||||||
Q.20- Je dois faire attention à conserver mes médicaments à l'abri des enfants. |
Développement et Santé, n°187, 2007