Alimentation et SIDA

Par Gulsen Saleh

Publié le

Alimentation et sida

Par Gulsen Saleh

Médecin, Coopération égyptienne - Libreville, Gabon.

I. Rapports entre sida et nutrition

Dès le début de la pandémie du SIDA, les problèmes liés à la nutrition ont été remarqués. L'amaigrissement reste le signe le plus fréquent, même s'il se retrouve dans d'autres maladies. Il existe une interaction entre SIDA et malnutrition : l'un favorise l'autre et réciproquement. Au démarrage de l'infection par le VIH, il existe un conflit entre le virus et l'immunité de la personne. L'organisme a besoin de différents nutriments (vitamines et micronutriments) dans le fonctionnement des mécanismes immunitaires : barrières naturelles (peau, muqueuses, sécrétions), immunité humorale (anticorps) et immunité cellulaire (lymphocytes, macrophages). Le virus lui même favorise la cachexie et il a un effet inhibiteur sur le zinc. Le zinc est nécessaire au métabolisme de la vitamine A responsable de la qualité de la peau et des muqueuses et à celui d'autres antioxydants nécessaires au bon fonctionnement des mécanismes de défense. Au cours du SIDA, d'autres phénomènes interviennent dans la malnutrition. Plusieurs infections opportunistes engendrent une baisse des apports ou une consommation excessive. La tuberculose, par exemple, entraîne une consommation excessive et une diminution des apports à cause de l'anorexie. C'est aussi le cas de la plupart des infections bactériennes associées avec fièvre chronique. Dans le cas de la candidose oro-pharyngée, la dysphagie due à cette mycose provoque l'impossibilité d'avaler, d'où une dénutrition grave et rapide. Plusieurs médicaments utilisés contre le VIH ou les infections opportunistes provoquent nausées, vomissements, anorexie, diarrhées qui favorisent la malnutrition.

Certaines habitudes alimentaires aggravent la malnutrition, comme la consommation de boissons alcoolisées, de piments, etc.

Il. Principes d'intervention

Principe : repas équilibré, en fonction de l'état physiologique de la personne, de ses capacités financières et de ses habitudes alimentaires.

1. Conseils généraux

  • faire des repas légers et fréquents (5 ou 6 par jour, si possible);
  • augmenter les aliments liquides et boissons;
  • éviter les repas riches en lipides;
  • utiliser, si nécessaire, les anti-émétiques.

2. Conseils hygiéno-diététiques

  • préserver une nuit de repos suffisante (8 heures);
  • éviter les changements rapides de température;
  • renforcer l'hygiène personnelle pour éviter les autres infections par voie aérienne ou digestive ;
  • éviter alcool, tabac et piment;
  • multiplier les repas légers;
  • éviter les matières grasses (huile, mayonnaise, frites, beignets, sauces, graisses);
  • utiliser l'huile de palme ou de coton;
  • consommer des fruits;
  • boire des jus de fruits (eau + jus de citron);
  • manger des protéines animales (poisson, poulet, oeufs) ;
  • mélanger des céréales et des légumes secs (haricots, pistaches, mais, mil, etc.).

III. Exemple de régime

Développement et Santé, n°168, décembre 2003